Entretien avec Damien Cadillon, en charge de la vente institutionnelle pour Lyxor ETF

Quelle est la contribution du dividende à la performance d'une action ?
Sur très long terme, cette contribution est significative. Les études (1) montrent qu'un investisseur qui aurait systématiquement réinvesti tous les dividendes d'un portefeuille actions depuis 1970 aurait accumulé une performance annualisée de 5% au lieu de seulement 2% s'il avait perçu les dividendes. La contribution des dividendes à la performance d'un portefeuille est donc de l'ordre de 60% sur le long terme. Qui plus est, on a pu constater que les actions qui versent des dividendes élevés de façon régulière sont en général moins volatiles que les autres.
Le contexte de marché est-il actuellement porteur pour les actions à haut rendement ?
Dans un environnement de taux bas, les investisseurs sont à la recherche d'autres sources de rendement que celles offertes sur le marché obligataire. Les actions à haut rendement, c'est-à-dire offrant un rendement du dividende élevé, représentent une alternative intéressante d'autant que la croissance des dividendes payées est très importante. Toutefois, parallèlement, la hausse des valorisations des marchés actions dans le monde a réduit le taux de dividende moyen offert. En effet aujourd'hui, le rendement du MSCI World est proche de ses plus bas depuis 10 ans. Plus de sélectivité est donc requise pour identifier les actions capables de générer un rendement attractif et pérenne.
Il y a-t-il des secteurs ou des zones géographiques où les actions délivrent des rendements supérieurs à la moyenne ?
Il existe effectivement des secteurs et des zones géographiques qui offrent des rendements supérieurs à la moyenne, cependant, il faut être très prudent sur la pérennité de ce rendement. Actuellement, les actions du Royaume-Uni versent des rendements très élevés de l'ordre de 4%, mais cette hausse récente du dividende dans cette zone est essentiellement liée à la dépréciation de la livre sterling entamée depuis l'annonce du Brexit et n'est donc pas nécessairement pérenne. Il en va de même du secteur des matières premières. Les prix des matières premières ont fortement baissé ces dernières années et pesé sur les résultats des sociétés. Par conséquent, les entreprises de ce secteur qui disposaient de dividendes élevés, ont vu une forte baisse de leur taux de couverture (soit ce que représente le dividende par rapport au résultat). Actuellement, les secteurs des télécommunications, les services aux collectivités locales, la santé ou encore les consommations non cycliques distribuent, dans les conditions de marché actuelles, des dividendes qui nous semblent soutenables.
Comment sélectionnez-vous les actions à haut rendement ?
Les investisseurs affichent un fort appétit actuellement pour ce type de valeur, il faut donc être très sélectif et éviter les phénomènes de mode. Nous nous focalisons sur des sociétés matures capables de délivrer du rendement sur le long terme. Nous regardons de ce fait les valeurs dites de qualité dont les fondamentaux sont solides. Nous nous intéressons aussi aux valeurs avec une faible volatilité. Nous combinons donc trois critères : la qualité, le niveau élevé du dividende et la faible volatilité.
Quelles sont les solutions apportées par Lyxor ETF ?
Cette expertise est assez ancienne chez Lyxor ETF puisque notre encours dans cette thématique est de plus de 1,2 milliard d'euros. Nous avons lancé un premier fonds global en 2012, puis un deuxième fonds sur l'Europe en 2013 et nous venons tout juste de créer deux nouveaux fonds : un sur les Etats-Unis et un autre sur le Royaume-Uni. Les investisseurs disposent donc maintenant d'une palette complète pour investir sur cette thématique. Ces fonds sont des ETF avec les avantages classiques de ce type de produit : une grande facilité de trading et des frais réduits. Ces fonds qui relèvent de la catégorie dite " smart beta " s'invitent de plus en plus dans une allocation d'actif structurelle.
(1) Source : SG Quantitative Research,Thomson Datstream