Le rallye des actions chinoises est en décalage avec les fondamentaux, affirme John Woods, CIO Asia de Lombard Odier. "Il est peu probable que l’on assiste à un rallye durable des actions sans une politique plus souple à l’égard du yuan", estime-t-il. Selon lui, la banque centrale chinoise ne peut pas dévaluer la monnaie tout en luttant contre la déflation, car cela augmenterait encore les sorties de capitaux et affaiblirait la demande intérieure. Il anticipe "un nouvel affaiblissement du yuan".

Pour Lombard Odier, le rebond semble fondé "sur les anticipations et la liquidité" et sa poursuite "dépend en grande partie des perspectives relatives aux revenus des entreprises chinoises". "Les résultats du premier trimestre des principales valeurs technologiques devraient permettre d'entrevoir si la dynamique positive des cours se maintiendra", conclut le CIO.

Une dévaluation du yuan "a-t-elle un sens" se demande-t-il, alors que "la plupart des principales devises sont faibles comparativement au dollar américain", et que "cette situation perdurera tant que la Réserve fédérale n'abaissera pas son taux directeur". Selon lui, un nouvel affaiblissement de la monnaie "exacerberait les tensions commerciales avec les partenaires internationaux de la Chine", et "augmenterait les coûts d'importation", ce qui "pèserait sur sa consommation intérieure".
Si le yuan "demeure néanmoins sous pression", c'est en raison "des sorties de capitaux sur les marchés boursiers, de la relocalisation des investisseurs, des voyages des Chinois à l'étranger et des fuites de capitaux". "Depuis le deuxième trimestre 2023, les entrées de capitaux étrangers sont tombées à zéro, le pire résultat depuis l'épisode de la dévaluation du yuan en 2015", souligne-t-il.

Il estime que la Chine "maintiendra la stabilité de sa monnaie au cours des prochains mois", dans l'attente de décisions majeures en matière de politique monétaire dans d'autres pays, Etats-Unis et Japon. "Nous n'excluons pas une dévaluation de la monnaie chinoise après l'élection présidentielle américaine de novembre": un retour de Donald Trump, "pourrait entraîner l'imposition de tarifs douaniers généralisés de 60% sur les exportations chinoises vers les États-Unis". Il reste neutre sur les actions chinoises et s'attend à ce que la prime offerte par les actions cotées en Chine continentale par rapport aux actions cotées à Hong Kong "se réduise à mesure des sorties de capitaux".