(Actualisé avec condamnation du Conseil de sécurité § 4-5)

RANGOUN, 13 septembre (Reuters) - La dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, critiquée pour son silence face aux violences ayant contraint à l'exode près de 400.000 musulmans Rohingya, ne participera pas à l'Assemblée générale des Nations unies qui s'est ouverte à New York mais s'adressera mardi prochain à sa nation.

La répression menée par les forces de sécurité birmanes en réponse à des attaques fin août de combattants Rohingya dans l'Etat d'Arakan (Rakhine) suscite les critiques de la communauté internationale, notamment de Washington.

Certains demandent le retrait du prix Nobel de la paix décerné en 1991 à l'ancienne opposante à la junte militaire.

A New York, le Conseil de sécurité des Nations unies, qui s'est réuni à huis clos mercredi à la demande du Royaume-Uni et de la Suède, a adopté une déclaration condamnant "les violences excessives lors des opérations de sécurité" et réclamant "des mesures immédiates pour mettre fin à la violence dans l'Arakan, désescalader la situation, rétablir l'ordre public et assurer la protection des civils".

Une déclaration n'a pas le poids contraignant d'une résolution mais, selon l'ambassadeur britannique auprès des Nations unies, Matthew Rycroft, c'est la première fois en neuf ans que le Conseil de sécurité en adopte une sur la Birmanie.

Face à l'urgence humanitaire que représente l'afflux de centaines de milliers de réfugiés Rohingya au Bangladesh voisin, l'Onu a réitéré mercredi son appel à un accroissement "massif" de l'aide internationale.

PARTIE DÉLICATE

Il y a un an, lors de son premier discours devant l'Assemblée générale de l'Onu en tant que dirigeante de son pays, Aung San Suu Kyi avait défendu les efforts menés par son gouvernement pour résoudre la crise liée à la minorité musulmane des Rohingya.

Son porte-parole, Zaw Htay, a expliqué mercredi à la presse qu'elle avait choisi d'annuler son déplacement à New York "afin de se concentrer sur le rétablissement de la sécurité", qu'elle considère comme une priorité.

Elle s'adressera à la nation mardi prochain, a-t-il ajouté, un discours consacré à la paix et à la réconciliation.

Aung San Suu Kyi joue une partie délicate, dit-on dans les milieux politiques, car elle est sans doute soucieuse de ne pas heurter les militaires qui jouissent encore d'une forte influence en Birmanie, six ans après le début de la transition démocratique.

L'opération militaire en cours contre les Rohingya rencontre un large soutien dans la population, où le nationalisme bouddhiste a pris de l'ampleur ces dernières années.

Dans ce contexte, ajoute-t-on de même source, Aung San Suu Kyi ne peut guère apparaître comme critiquant l'armée.

Le sort réservé à cette minorité musulmane a par ailleurs amené Al Qaïda à menacer la Birmanie de représailles. (Wa Lone avec Michelle Nichols au siège new-yorkais des Nations unies et Umberto Bachi à Londres; Julie Carriat, Gilles Trequesser et Henri-Pierre André pour le service français)