Insight Investment (BNY Mellon IM) veut tordre le cou à l'idée reçue selon laquelle les marchés émergents seraient forcément sous pression pour rembourser leurs dettes avec le retour de l'inflation, les hausses de taux d’intérêt et un possible renforcement du dollar. Cette vision s'avère discutable, juge Colm McDonagh, Directeur de la dette émergente chez Insight Investment (BNY Mellon IM), "en raison de l’absence d’un véritable consensus sur les perspectives mondiales, mais aussi parce qu’elle suppose une uniformité de ces mêmes marchés."

Sur ce dernier point, l'expert souligne que l'univers émergent présente une grande diversité de structures économiques parmi les pays composant cet univers, avec des besoins de financement, des niveaux de dette globale, des régimes monétaires et de change, des profils d'échéance et de créanciers très différents.

De plus, Colm McDonagh souligne que les marchés émergents sont parvenus à réduire leur dépendance aux devises fortes, ce qui les rend moins vulnérables aux effets de change. "Cette transition accélérée des émissions de dette externe vers les émissions intérieures a globalement réduit la vulnérabilité extérieure des marchés émergents, ainsi que la dépendance aux capitaux étrangers et au risque de change. Avec la dette en devise locale, le risque de change est transféré des émetteurs aux investisseurs étrangers, mettant ainsi fin au cercle vicieux de l'impact négatif des mouvements de change sur le stock de dette extérieure", décrypte le Directeur de la dette émergente chez Insight Investment (BNY Mellon IM).

Cette moindre dépendance a aussi un autre avantage, en ce sens qu'elle tend à limiter les sorties de capitaux. En effet, toute dépréciation entraîne des sorties de capitaux plus coûteuses, les investisseurs étrangers souhaitant rapatrier leurs fonds étant contraints de prendre en compte l'impact lié au taux de change. Or, ces vagues de dépréciation attirent également de nouveaux flux en rendant les actifs domestiques moins chers.