Dans un contexte de taux d’intérêt particulièrement bas, de digitalisation, d’essor de nouveaux acteurs (fintech) et de mise en place de nouvelles réglementations, le secteur bancaire a dû s’adapter et continue de relever ces différents défis pour subsister. Ce changement de paradigme a notamment entraîné une dégradation des marges d’intermédiation des banques et implique une réorganisation de leurs métiers de base. Ces grands bouleversements, accouplés à une inflation particulièrement faible, ne semblent cependant pas perturber la tendance haussière du secteur en ce début d’année et il convient de se demander si cette dernière correspond à un rebond technique ou bien à l’amorce d’un mouvement durable ?

Rebond technique

En ce début 2018, l’indice Stoxx Europe 600 Banks, soit l’indice bancaire européen de référence, est sorti par le haut d’une zone importante de consolidation horizontale, pour laisser la place à un début d’accélération haussière. Le timing paraît alors opportun pour prendre le train de la hausse et viser 204 à court terme et 223 à moyen terme (voir graphique ci-dessous, représentation sur cinq ans).
 

Source : Bloomberg  le 25.01.2018

Zoom sur l’indice depuis le début de l’année :

Comparé au Stoxx Europe 600, tous secteurs confondus, l’indice bancaire européen surperforme depuis ce début d’année (voir graphique ci-dessous, base 100 au 02 janvier). Nous constatons par ailleurs que c’est lors de la séance du 10 janvier que le Stoxx Europe Banks a dépassé son homologue et que cette progression s’est accentuée depuis.
 

Source : Bloomberg  le 25.01.2018 
 

Palmarès de l’indice bancaire européen (Stoxx Europe 600 Banks), composé de 47 valeurs, depuis le début de l’année 2018 : 
 

Source : Bloomberg  le 25.01.2018

Ce sont principalement les banques des pays sud-européens qui sont représentées dans le Top5 (en termes de performances), avec une dominance des banques italiennes.

Parmi les valeurs à la traîne, nous retrouvons la Deutsche Bank (encadré rouge), qui a enregistré une charge de 1.5 milliard d’euros au quatrième trimestre 2017 en raison de la réforme fiscale américaine. Pour rappel, cette dernière fut adoptée le 2 décembre par le Congrès Américain et vise à ramener le taux de l’IS de 35% à 21%. Ainsi, les entités, comme la Deutsche Bank, qui bénéficiaient de crédit d’impôt du fait de leurs résultats peu reluisants, ont vu ce dernier diminuer avec l’abaissement du taux d’imposition. 

Un mouvement durable ?

Nous expliquons ce début de tendance à la hausse par l’anticipation des marchés de la fin du programme d’achat d’actifs (Quantitative Easing : QE) de la Banque Centrale Européenne. Les membres de la BCE sont en effet de plus en plus nombreux à attendre l’annonce d’une date précise, notamment en raison des perspectives de croissance en zone euro, qui devrait dépasser les 2% en 2018 selon le FMI. L’effet attendu par la fin du Quantitative Easing est donc la remontée des taux visant à soutenir les revenus bancaires, cette dernière ne devant pas être trop brutale pour ne pas freiner la reprise de certains pays plus fragiles. 

La décision de la Banque du Japon (BoJ) de diminuer ses achats de dette sur les marchés et la rumeur de réduction d’achat de bons du Trésor américain par la Chine, ont conduit à une envolée des taux longs américains (encadré vert, point 1). La remontée du T-Bond (maturité 10 ans) bénéficie aux organismes empruntant à court terme à taux quasi-nul et prêtant à long terme. Cette tendance s’est ensuite confirmée avec la publication de la statistique américaine sur l’inflation.
Enfin, les taux longs américains poursuivent sur le chemin de la hausse, portés par un contexte de plein emploi ainsi que par les perspectives d’accélération de l’inflation et de la croissance américaine, compte tenu de la réforme fiscale.
 

Source : Bloomberg  le 25.01.2018

Le marché obligataire dans le collimateur

La Banque Centrale Américaine a relevé trois fois ses taux en 2017 et compte bien poursuivre sur cette lancée en 2018. Il convient alors de surveiller le rythme de cette progression puisqu’une hausse trop brutale des taux pourrait se traduire par une augmentation des charges financières et donc affecter les pays particulièrement endettés. Toutefois les analystes demeurent optimistes. Ils estiment que la Fed « a tiré des leçons du passé » (Eric Vanraes, gérant obligataire de la banque suisse Eric Sturdza, cité par AWP) et ne reproduira pas les erreurs ayant conduit à la crise de 2008. Du côté de la zone euro, la Banque Centrale Européenne se veut rassurante et prévoit une progression de la demande de crédit (aux entreprises, à la consommation et immobilier) durant le premier trimestre 2018, ce qui alimenterait l’inflation et offrirait une opportunité pour le secteur bancaire.

Pour conclure, dans une optique spéculative et au vu des configurations graphiques positives, le timing paraît opportun pour se placer sur les valeurs de ce secteur et anticiper ainsi une poursuite de la tendance de fond.