Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro ont connu un mouvement de reflux jeudi dans le sillage de la décision de la BCE de maintenir ses taux directeurs inchangés et de poursuivre en l'état son programme de rachat d'actifs.

"Il y deux messages (..) dans ce qui a été dit par Mario Draghi: le premier c'est que, quoi qu'il arrive, la politique monétaire va rester extrêmement accommodante pendant très longtemps", ce qui soutient le marché obligataire, a relevé auprès de l'AFP Eric Bourguignon, directeur général délégué de Swiss Life Asset Management France.

En revanche, le président de la BCE "a dit que pour la première fois la BCE avait discuté du sujet du +tapering+ (la réduction progressive de son programme de rachats d'actifs, NDLR) et que probablement, on en saura plus en octobre" sur ce point, a complété M. Bourguignon.

"Il y a donc clairement une inflexion majeure de la politique monétaire (de la BCE) dans les tuyaux, à savoir que celle-ci va diminuer ses achats (de dette) jusqu'à ne plus en faire" même si une inconnue subsiste quant à la date de départ et au rythme de cette diminution, a-t-il estimé.

Comme attendu, à l'issue de la réunion de son conseil des gouverneurs jeudi, la BCE a gardé à zéro son principal taux directeur et a également conservé en l'état son programme massif de rachats de dettes publiques et privées, dont elle se laisse toujours la possibilité d'accroître le montant - aujourd'hui de 60 milliards d'euros par mois - ou la durée si nécessaire.

Mais son président, Mario Draghi, a indiqué lors d'une conférence de presse qu'à moins qu'un risque imprévisible à l'heure actuelle ne se matérialise dans l'intervalle, l'avenir de son programme massif de rachat d'actifs sera décidé "en octobre", sans doute lors de sa réunion du 26.

"Peut-être que le marché se dit qu'il y aura bien un resserrement monétaire mais qu'il sera plus lent que prévu, ce qui signifie que la BCE continuera à soutenir plus longtemps qu'anticipé le marché obligataire", a détaillé M. Bourguignon.

L'autre message important de la réunion, selon lui, réside dans la mention de la récente volatilité des taux de change considérée comme "une source d'incertitude" par la BCE alors que ce sujet n'avait quasiment pas été évoqué auparavant.

L'institution de Francfort a d'ailleurs révisé à la baisse ses prévisions d'inflation en zone euro pour les deux années à venir en raison de l'euro fort, se montrant toutefois plus optimiste concernant la croissance de la région en 2017.

Néanmoins, "quand vous regardez les prévisions d'inflation sur les années à venir, la révision de la BCE est extrêmement modeste", a jugé M. Bourguignon, soulignant que ses gouverneurs s'étaient montrés "très confiants dans le fait que la Banque centrale européenne atteindrait son objectif d'inflation à moyen terme".

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne s'est détendu à 0,307%, au plus bas depuis le 27 juin, date à laquelle Mario Draghi s'était exprimé au forum de Sintra, contre 0,347% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

La situation a été similaire pour celui de la France, qui a terminé à 0,614%, également un minimum depuis le 27 juin, contre 0,663%. La baisse a été un peu plus marquée pour celui de l'Espagne, à 1,495%, au plus bas depuis le 17 août, contre 1,567% tandis que celui de l'Italie s'est replié à 1,924%, un minimum depuis le 27 juin, contre 2,027%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à dix ans a quant à lui baissé à 0,972%, au plus bas depuis le 15 juin, contre 1,005%.

A la fermeture des marchés européens, aux États-Unis, le taux d'emprunt à dix ans reculait nettement à 2,049% contre 2,105% mercredi, celui à trente ans s'affichait à 2,670% contre 2,722%, tandis que le taux à deux ans s'affichait à 1,266% contre 1,302%.

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