Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro se sont nettement détendus lundi, à l'exception du taux allemand, le soulagement prédominant sur le marché après le premier tour de l'élection présidentielle française, qui a vu Emmanuel Macron devancer Marine Le Pen.

"Sans trop de surprise, on observe une réaction assez forte des marchés suite au résultat des élections du premier tour des présidentielles", a commenté pour l'AFP Cyril Regnat, un stratégiste obligataire de Natixis.

Les taux d'emprunt de la France, et dans son sillage ceux des pays les plus fragiles de la zone euro, ont ainsi fortement baissé lundi, le marché obligataire, au diapason des marchés actions, exprimant son soulagement de voir un candidat pro-européen arriver en tête du premier tour.

Le candidat d'En Marche! Emmanuel Macron, avec 23,75% des suffrages, part favori dans la bataille pour le second tour de l'élection présidentielle française, le 7 mai, face à la dirigeante d'extrême droite au crédo anti-mondialisation Marine Le Pen, qui a réuni 21,53% des voix, un duel qui exclut les deux grands partis traditionnels.

La perspective de voir Emmanuel Macron remporter l'élection rendait en effet le risque d'une sortie de la France de la zone euro, bête noire des investisseurs, de plus en plus improbable, entraînant mécaniquement une tension sur le taux allemand à dix ans, qui ne jouissait plus dès lors de sa qualité de valeur refuge.

"La réaction normale (après ce résultat), c'est d'avoir plutôt de l'appétit pour les actifs risqués" après que l'une des principales incertitudes autour du scrutin français a été levée, a expliqué M. Regnat.

Signe de ce regain d'appétit pour le risque des investisseurs, l'écart (spread) entre les taux à dix ans allemand et français s'est nettement resserré, tombant autour de 50 points de base contre 70 points de base juste avant le premier tour.

"C'est logique dans la mesure où l'on parlait d'un risque relativement majeur pour la France et pour la zone euro par extension. C'est justement parce que ce risque concerne aussi la zone euro qu'on a aussi une très bonne performance des dettes" des pays les plus fragiles de la région comme l'Espagne et l'Italie, a relevé M. Regnat.

Selon ce dernier, le marché semblait ainsi entrer en phase de normalisation même si "en termes de rapidité de mouvement, il y a des chances que cela s'essouffle rapidement", notamment en raison du risque attaché aux élections législatives françaises.

En outre, avant même ce nouveau scrutin, les marchés vont sans doute "progressivement se focaliser plutôt sur les banques centrales" avec une réunion de la Banque centrale européenne (BCE) prévue cette semaine, avant une autre un peu plus tard de la Réserve fédérale américaine (Fed), a-t-il complété.

À 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a fini en hausse à 0,329%, après être monté jusqu'à 0,361%, un plus haut depuis le 29 mars, contre 0,253% vendredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France s'est à l'inverse nettement détendu à 0,831% contre 0,940%, après être tombé jusqu'à 0,825%, son plus bas niveau depuis le 18 janvier.

Le rendement de même maturité de l'Italie a également terminé en forte baisse à 2,181% contre 2,262%, celui de l'Espagne suivant la même tendance à 1,605% contre 1,695%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à 10 ans est monté légèrement à 1,051% contre 1,034%.

A la clôture du marché européen, aux États-Unis, le taux à dix ans grimpait à 2,267% contre 2,248%, tout comme le taux à trente ans, à 2,914% contre 2,902%, tandis que le taux à deux ans s'affichait à 1,225% contre 1,180% vendredi.

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