Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro se sont fortement détendus mercredi après un discours de la présidente de la Réserve fédérale américaine (Fed) Janet Yellen qui a confirmé la perspective d'un resserrement monétaire progressif tout en restant floue sur le calendrier.

Le marché retient de ce discours, qui a été publié un peu avant d'être prononcé par Janet Yellen devant la chambre des Représentants, "la prudence du propos", notamment quand la présidente de la Fed a estimé qu'il y a "beaucoup d'incertitudes sur le quand et avec quelle ampleur" l'inflation va remonter, a souligné auprès de l'AFP Jean-François Robin, un stratégiste obligataire de Natixis.

Janet Yellen a affirmé mercredi que la Fed poursuivrait la hausse graduelle des taux d'intérêt alors que la croissance des Etats-Unis semble rebondir au 2e trimestre.

Dans une intervention prononcée devant le Congrès, la présidente de la banque centrale américaine a ajouté que les risques pour l'économie américaine étaient équilibrés mais que "les possibles changements" prévus par la politique économique de Donald Trump représentaient "une source d'incertitude".

Elle a en outre affirmé qu'à terme, le niveau des taux d'intérêt, actuellement entre 1% et 1,25%, ne devrait "pas être beaucoup plus élevé".

La lecture que fait le marché de ces déclarations est "très optimiste", dans la mesure où Janet Yellen s'est montrée "très prudente et n'a pas l'air pressée d'accélérer une quelconque hausse des taux", a estimé M. Robin.

Selon lui, cette réaction positive des marchés s'explique notamment par une baisse de crédibilité de la banque centrale américaine.

"Cela fait trois ans que la Fed dit des choses qu'elle ne fait pas", ce qui explique que le marché la prenne de moins en mois au sérieux lorsqu'elle annonce encore une hausse des taux cette année et deux autres l'année prochaine, a commenté M. Robin.

Conséquence: "les anticipations de hausses des taux qui étaient de 50% avant la fin de l'année sont en train de passer à 40%", relève le stratégiste obligataire.

Mais les investisseurs auront l'occasion d'affiner ces prévisions avec la publication vendredi des derniers chiffres de l'inflation américaine, des statistiques scrutées de près par la Fed.

A 18H00 (1600 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a reflué à 0,579% contre 0,550% mardi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi la même trajectoire, se détendant à 0,863% contre 0,918%.

Le taux d'emprunt de l'Italie a également nettement baissé, à 2,259% contre 2,325%, tout comme celui de l'Espagne, à 1,643% contre 1,693%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à dix ans est resté quasiment stable, à 1,261% contre 1,275%.

A la fermeture des marchés européens, aux États-Unis, le taux d'emprunt à dix ans reculait à 2,316% contre 2,361% mardi. Celui à 30 ans évoluait à 2,885% contre 2,923%, tandis que le taux à deux ans s'affichait à 1,347% contre 1,375%.

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