Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro se sont détendus vendredi, les difficultés du nouveau président américain Donald Trump à obtenir l'abrogation de la loi de santé "Obamacare" jouant en faveur du marché de la dette.

"Le fait que l'administration Trump ait un peu de mal à mettre en application ses réformes favorise une détente du marché obligataire", a souligné Jean Sayegh, responsable de la gestion obligataire chez Lyxor.

"Les mesures proposées par le nouveau président sont perçues comme inflationnistes, ce qui joue traditionnellement en faveur des actions au détriment des actions, donc à chaque fois qu'il fait face à des obstacles ce sont à l'inverse les obligations qui en profitent", a-t-il développé.

Confronté à de fortes divisions internes, le vote initialement programmé jeudi à la Chambre des représentants pour abroger et remplacer "Obamacare" a dû être reporté à ce vendredi.

Donald Trump, après d'innombrables réunions, a également décidé jeudi soir de mettre fin aux négociations et lancé un ultimatum à son camp: approuvez la réforme, ou laissez l'Obamacare en place.

Le résultat du vote intervenant après la clôture des marchés européens, le marché obligataire a profité de ce répit pour se détendre.

- Rétablissement français -

"Dans le cadre de cette détente, les pays qui en ont le plus bénéficié ont été ceux qui avaient le plus souffert ces derniers temps des tensions" liées aux échéances électorales en Europe, à commencer par la France, a observé M. Sayegh.

"Le pays continue à profiter d'un mouvement de retour à la moyenne" après une poussée de tension en janvier et février où ses taux d'emprunts s'étaient nettement écartés du Bund, à savoir celui de l'Allemagne qui fait référence sur le marché obligataire, a-t-il développé.

"Tant que la présidentielle ne sera pas passée, la France ne pourra toutefois pas revenir au niveau qui était le sien précédemment", a-t-il néanmoins nuancé.

Par ailleurs, le prêt géant de la BCE a "fait du bien" aux pays les plus fragiles de la zone euro, a-t-il noté, car "grâce à ces emprunts, les banques se sont mises à l'abri"

Pour la quatrième et dernière série de prêts à long terme sur quatre ans (TLTRO II), la Banque centrale européenne a accordé jeudi environ 233,5 milliards d'euros aux banques de la zone euro, et la demande a été en forte hausse.

À 18H00 (17H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a reculé à 0,403% contre 0,431% jeudi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France a connu un recul encore plus net à 0,985% contre 1,043%, tout comme celui de l'Italie à 2,224% contre 2,272%, celui de l'Espagne refluant à 1,693% contre 1,731%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à 10 ans a aussi reculé à 1,196% contre 1,229%.

A la clôture du marché européen, aux États-Unis, le taux à dix ans baissait un peu à 2,396% contre 2,419%, le taux à trente ans s'établissait à 3,003% contre 3,029%, tandis que le taux à deux ans s'affichait à 1,244% contre 1,252%.

afp/rp