Paris (awp/afp) - Le marché de la dette en zone euro s'est tendu mardi, l'écart entre les taux d'emprunt restant néanmoins stable, alors que l'hypothèse de voir élu un président français hostile à l'Union européenne se réduit.

"Cette journée est dans la continuité d'hier, mais avec des variations faibles", a relevé auprès de l'AFP Eric Bourguignon, directeur général délégué de Swiss Life Asset Managers France.

Selon le spécialiste, si les taux se sont en effet tendus ce mardi au lendemain d'une forte détente, les +spreads+ (écart entre le taux d'emprunt allemand à dix ans, qui fait référence, et les autre taux) étaient en revanche à des niveaux semblables à ceux de la veille.

"Les marchés ont été soulagés hier par l'annonce des résultats du premier tour de la présidentielle française, qui a éloigné un péril essentiel à leurs yeux, celui de l'éclatement de la zone euro", poursuit M. Bourguignon.

Reprenant goût pour le risque, les investisseurs se sont reportés vers les dettes souveraines des pays moins solides de la zone euro, ce qui s'est traduit ces deux derniers jours par une baisse, puis une stabilisation du différentiel entre le taux d'emprunt allemand et les autres dettes de la région.

Ainsi, le +spread+ entre le taux d'emprunt de l'obligation française à dix ans et celui de l'Allemagne est passé de 67 points avant le week-end électoral à 51 points ce mardi, "un mouvement rare", selon M. Bourguignon.

Néanmoins, nuance-t-il, "le futur président aura beaucoup de mal à avoir une majorité [à l'Assemblée nationale]. Le pire écueil est évité, mais il peut y avoir des incertitudes qui génèreraient des écartements des primes de risques".

Par ailleurs, les investisseurs vont se tourner cette semaine vers Francfort, où la banque centrale européenne (BCE) tient sa réunion de politique monétaire ce jeudi.

Si un statu quo est attendu, le thème de la fin de l'assouplissement monétaire pourrait toutefois revenir sur le devant de la scène.

"Avec le scrutin français, la BCE aura un motif de moins pour rester laxiste. Car l'une des raisons officieuses du maintien de cette politique était ce risque d'éclatement de la zone euro", ajoute M. Bourguignon.

Enfin, la réforme fiscale promise par Donald Trump était aussi en ligne de mire alors que le président américain doit dévoiler mercredi son grand projet de réforme fiscale.

"Après l'échec de la tentative de réforme de l'Obamacare, beaucoup pensent que Donald Trump n'aura pas les mains libres pour mettre en place son programme, qui avait été accueilli par les marchés financiers avec enthousiasme", estime le spécialiste.

Mais "s'il parvient à imposer sa réforme fiscale, cela alimentera les anticipations d'accélération de l'activité américaine, ce qui fera monter le dollar et les taux", prédit-il.

À 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a fini en hausse à 0,378% contre 0,329% lundi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France s'est aussi tendu à 0,900% contre 0,831%.

Le rendement de même maturité de l'Italie a suivi la même tendance à 2,266% contre 2,181%, celui de l'Espagne terminant à 1,675% contre 1,605%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à 10 ans est monté légèrement à 1,085% contre 1,051%.

A la clôture du marché européen, aux États-Unis, le taux à dix ans grimpait à 2,309% contre 2,273%, tout comme le taux à trente ans à 2,959% contre 2,929%, tandis que le taux à deux ans s'affichait à 1,262% contre 1,229% lundi.

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