Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt des pays les plus solides de la zone euro ont continué à légèrement baisser vendredi, sur fond de correction des marchés d'actions américains, même si cette tendance apparaît provisoire aux analystes.

"Avec la faiblesse des actions américaines jeudi, nous avons eu ce rebond" du marché des taux souverains, qui ont reculé, a commenté Eric Oynoyan, un stratégiste obligataire de BNP Paribas.

La Bourse de New York a en effet terminé en nette baisse jeudi, les investisseurs s'inquiétant de l'impact des turbulences politiques entourant Donald Trump sur l'avancée des réformes économiques.

Des rumeurs concernant une éventuelle démission du conseiller économique en chef de la Maison Blanche, Gary Cohn, ont en particulier alarmé les marchés d'actions, ce qui a profité à l'inverse aux dettes souveraines, considérées comme des actifs moins risqués.

Mais les mouvements observés depuis jeudi pourraient n'être qu'un soubresaut de nature éphémère, d'autant que la fin de l'escalade des tensions géopolitiques entre la Corée du Nord et les Etats-Unis a mis un terme au soutien dont bénéficiait le marché obligataire depuis la mi-juillet.

"Au niveau géopolitique, cela s'est apaisé par rapport à la semaine dernière, donc le marché obligataire va s'essouffler rapidement", a estimé M. Oynoyan.

D'autant que "les effets saisonniers positifs à court terme" dont il a pu bénéficier depuis plusieurs semaines, notamment le ton plutôt accommodant des banques centrales, vont également prendre fin, a expliqué le stratégiste obligataire.

"La plupart des variables clés sont plutôt en faveur d'une remontée graduelle des taux longs", en particulier le fait qu'à partir de septembre, la Banque centrale européenne (BCE) va préparer les marchés à une réduction de ses rachats d'actifs, et en donner tous les détails en octobre, a poursuivi M. Oynoyan.

Quant au symposium de Jackson Hole vendredi prochain aux Etats-Unis, il génère "très peu d'attentes", selon lui, dans la mesure où, de source proche de l'Eurosystème, le président de la BCE Mario Draghi devrait rester muet sur le futur de la politique monétaire de l'institution.

Les deux attaques terroristes qui ont frappé l'Espagne jeudi, où deux attentats à la voiture bélier ont été commis à quelques heures d'intervalle en Catalogne, n'avaient, elles, aucune incidence sur les rendements souverains, selon l'analyste.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne s'est détendu à 0,414% contre 0,426% jeudi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France a suivi une trajectoire semblable, à 0,710% contre 0,722%.

Celui de l'Italie s'est pour sa part stabilisé à 2,033% contre 2,029%, tandis que celui de l'Espagne est monté à 1,561% contre 1,439%, une tension due à un changement de référence sur plusieurs maturités de dette espagnole.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à dix ans a fini quasiment stable à 1,090% contre 1,087%.

A la fermeture des marchés européens, aux États-Unis, le taux d'emprunt à dix ans était proche de l'équilibre à 2,192% contre 2,185%, celui à trente ans était également stable à 2,779% contre 2,774% tandis que le taux à deux ans s'affichait à 1,314% contre 1,296%.

ats/rp