Paris (awp/afp) - Le marché de la dette a poursuivi sa détente jeudi, les investisseurs continuant à chercher refuge du côté de ces actifs face aux interrogations grandissantes engendrées par les déboires du président américain.

"Le marché suit toujours ce qui se passe aux États-Unis avec le spectre d'une procédure de destitution potentiellement très déstabilisante pour les marchés, il est donc logique d'avoir ce type de mouvement en direction des actifs les plus sûrs" comme ceux du marché obligataire, a résumé auprès de l'AFP Cyril Regnat, un stratégiste obligataire de Natixis.

Un ancien chef du FBI a été nommé mercredi procureur spécial aux États-Unis pour garantir l'indépendance de l'enquête sur une éventuelle collusion entre des proches de Donald Trump et la Russie, un rebondissement qui assombrit le mandat du président américain.

"Les investisseurs sauront prochainement si oui ou non il y a une base suffisante pour lancer une procédure, la grosse question étant de savoir si les Républicains vont se retourner contre Trump", a-t-il poursuivi.

Le mouvement en direction des valeurs refuges risque donc de durer encore un peu, au moins jusqu'aux premières conclusions de l'enquête du procureur spécial, a noté M. Regnat.

Avec ces derniers développements aux États-Unis, "l'incertitude politique est en train de passer d'un continent à l'autre", et cela pourrait conduire certains investisseurs qui s'étaient éloignés de la zone euro - notamment à cause des interrogations autour de la présidentielle française - à revenir, a souligné l'expert.

Mais les secousses politiques ne se limitaient pas aux Etats-Unis: un scandale de corruption éclaboussait aussi depuis mardi soir le président brésilien nouvellement élu, Michel Temer, après des révélations du quotidien O Globo.

À 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a reflué à 0,343%, après être tombé jusqu'à 0,315, au plus bas depuis deux semaines, contre 0,378% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a également poursuivi sa descente à 0,802%, après être descendu jusqu'à 0,777, un minimum depuis la mi-janvier, contre 0,835%.

Ceux des pays du Sud de l'Europe ont pour leur part fini stables après avoir également enregistré de nouveaux plus bas en séance. Le taux d'emprunt de l'Italie a terminé à 2,148% contre 2,155%, après avoir reculé jusqu'à 2,110, un minimum depuis début mars, et celui de l'Espagne a fini à 1,567% après être tombé jusqu'à 1,519, au plus bas depuis le 25 janvier, contre 1,563%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à 10 ans s'est replié à 1,058% contre 1,068%. Il a également enregistré au cours de la séance un plus bas en un mois, à 1,027.

A la clôture du marché européen, aux États-Unis, le taux à dix ans baissait également à 2,205% contre 2,224%, tout comme celui à trente ans à 2,888% contre 2,916% tandis que le taux à deux ans s'établissait à 1,246% contre 1,246%. Les taux américains ont également tous enregistré plus tôt dans la séance des plus bas depuis fin avril.

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