Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro se sont à nouveau détendus mardi, poursuivant un mouvement amorcé dans le sillage de la dernière réunion de la Banque centrale européenne (BCE) dont les propos jugés plutôt accommodants ont été bien accueillis par le marché.

"Nous restons dans une tendance plutôt baissière pour les taux qui intervient après la réunion de la BCE de jeudi dernier, cette dernière s'étant montrée légèrement accommodante (...), avec des anticipations de remontée de taux qui ont (dans la foulée) été un tout petit peu repoussées" par les investisseurs, a estimé auprès de l'AFP Cyril Regnat, un stratégiste obligataire de Natixis.

Selon ce dernier, le marché obligataire européen profite du facteur BCE mais pourrait également tirer parti de potentielles révisions des notations de l'Italie, du Portugal et de l'Espagne en matière de dette dans les prochains jours.

Pour autant, le scénario n'est pas tout à fait le même aux Etats-Unis, a poursuivi M. Regnat, même si les dernières données sur les prix à la consommation et l'emploi ont apaisé les craintes d'un resserrement monétaire américain trop rapide du fait d'une forte remontée de l'inflation.

Mardi, le ministère du Travail a indiqué que la hausse des prix avait ralenti en février aux Etats-Unis, avec un indice des prix à la consommation en hausse de 0,2% par rapport au mois précédent.

Vendredi déjà, le rapport mensuel sur l'emploi américain avait rassuré le marché grâce à une inflation salariale limitée, même si les créations d'emplois ont bondi en février à leur plus haut niveau en un an et demi.

"Ce rapport a été très très bon, avec un taux de participation à l'emploi en hausse", a analysé M. Regnat, "donc la question est de savoir si cela peut permettre à la Réserve fédérale américaine (Fed) de réviser ses anticipations de hausse de taux la semaine prochaine et la probabilité est quand même relativement élevée."

"Cela montre que l'économie américaine va bien, même si elle ne crée pas beaucoup d'inflation. Celle-ci va normalement quand même continuer à rebondir dans les prochains mois, quoique à un rythme relativement faible", a-t-il complété.

Si les taux américains sont stables depuis un petit moment, cela s'explique, pour le spécialiste, par le fait que les investisseurs restent prudents avant la prochaine réunion de la Fed les 20 et 21 mars, considérée comme très importante car il s'agira de la première pour son nouveau président, Jerome Powell.

"Le marché veut voir s'il va pouvoir renforcer ou non le biais haussier sur les taux qu'on a pu observer depuis le début de l'année", a souligné M. Regnat.

Enfin, les taux d'emprunt ont aussi profité à la marge de l'annonce du limogeage de Rex Tillerson, le chef de la diplomatie américaine, qui a suscité une aversion pour le risque sur les marchés financiers.

A 18H00 (17H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a fini en légère baisse, à 0,619% contre 0,632% lundi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France s'est lui aussi un peu détendu, à 0,862% contre 0,872%.

Le taux d'emprunt à dix ans de l'Espagne a fini stable, terminant à 1,397% contre 1,405%. Celui de l'Italie s'est détendu à 1,994% contre 2,033%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique a très légèrement reculé, à 1,487% contre 1,494%.

A la fermeture des marchés européens, le taux d'emprunt à 10 ans des États-Unis était quasiment stable à 2,421% contre 2,420% lundi, à l'instar de celui à 30 ans, à 3,111% contre 3,129%. Celui à deux ans s'établissait à 2,258% contre 2,262%.

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