Paris (awp/afp) - Rassuré par le statu quo de la Banque centrale européenne et les propos prudents de son président Mario Draghi, le marché de la dette a continué à se détendre vendredi.

"Le mouvement de détente du jour s'inscrit dans la continuité de celui d'hier après une réunion de la BCE qui a débouché sur un statu quo complet, contrairement aux attentes", a expliqué à l'AFP Guillaume Rigeade, gérant allocation d'actifs et dettes souveraines chez Edmond de Rothschild Asset Management.

L'institution monétaire a non seulement laissé ses taux directeurs inchangés, mais son président Mario Draghi s'est aussi montré très prudent. "L'inflation n'est pas au niveau où nous voulons qu'elle soit, ou là où elle devrait être" et "nous devons être "persévérants, patients et prudents", a-t-il déclaré.

"Il y avait beaucoup d'attentes autour de cette réunion", a souligné M. Rigeade.

"Les taux d'emprunts avaient commencé à se tendre par anticipation d'une annonce de changement de politique monétaire" surtout après les propos de Mario Draghi au Portugal, du coup "les investisseurs se demandaient comment la BCE allait baliser le terrain en vue d'une éventuelle sortie du programme de soutien", a-t-il développé.

Lors du forum annuel de Sintra, le patron de la banque centrale avait affirmé qu'"au fur et à mesure que l'économie continuera de se redresser (...) la banque centrale pourra accompagner la reprise en ajustant les paramètres de ses instruments de politique". Ces déclarations avaient été interprétées par les marchés comme le premier signe d'un virage en direction d'un resserrement monétaire.

- L'inconnu en janvier -

"Les investisseurs s'attendaient donc à ce qu'une première étape soit franchie jeudi, au moins dans le discours avant des décisions en septembre, mais finalement rien n'a été annoncé", a observé M. Rigeade.

"Au final, la seule chose dont nous sommes sûrs, c'est que nous ne savons pas ce qui va se passer à partir du 1er janvier 2018 puisque le programme actuel de soutien court jusqu'au 31 décembre 2017. Mais notre sentiment est que la BCE va continuer à réduire la voilure de façon extrêmement graduelle", a-t-il ajouté.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a fini à 0,506% contre 0,530% jeudi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a également reflué à 0,752% contre 0,776%, tout comme celui de l'Italie à 2,072% contre 2,114% et celui de l'Espagne à 1,451% contre 1,485%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à dix ans a lui aussi reculé à 1,175% contre 1,205%.

A la fermeture des marchés européens, aux États-Unis, le taux d'emprunt à dix ans se détendait à 2,234% contre 2,259% jeudi. Celui à trente ans évoluait à 2,803% contre 2,825%, tandis que le taux à deux ans s'affichait à 1,344% contre 1,352%.

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