Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt de la France et de l'Allemagne sont repartis à la hausse mardi tandis que ceux des pays les moins solides de la zone euro se sont stabilisés, sous l'effet d'un regain généralisé d'appétit pour le risque.

"Nous assistons aujourd'hui à un certain regain d'appétit pour le risque justifié, aux yeux des marchés, par deux phénomènes un peu extra-financiers", a analysé auprès de l'AFP Eric Bourguignon, directeur général délégué de Swiss Life Asset Management France.

"Il s'agit tout d'abord du dégel des relations entre les deux Corées avec des signes d'apaisement dans les tensions actuelles, et également dans celles qui opposent la Corée du Nord et les Etats-Unis", a-t-il détaillé.

Les deux Corées sont convenues de tenir un sommet à leur frontière fin avril, et d'ouvrir une ligne de communication d'urgence entre leurs deux dirigeants, a annoncé mardi un émissaire sud-coréen après avoir rencontré le leader nord-coréen Kim Jong Un à Pyongyang.

A la suite de ce rapprochement annoncé, le président des Etats-Unis Donald Trump a salué mardi des "progrès possibles" sur le dossier nord-coréen après l'évocation par Pyongyang, selon Séoul, d'une possible dénucléarisation si la sécurité du régime était garantie.

D'autre part, "la diminution des craintes d'une surenchère protectionniste à la suite des déclarations intempestives de Donald Trump la semaine dernière", a également rassuré les marchés, a complété M. Bourguignon.

Les places financières mondiales avaient été prises de court la semaine écoulée quand le président américain avait annoncé au débotté qu'il comptait imposer prochainement des droits de douane de 25% pour l'acier et de 10% pour l'aluminium, provoquant un tollé mondial.

Aussi ce contexte international plus apaisé se traduit-il, selon M. Bourguignon, par un rebond des taux allemands.

"Quand l'appétit pour le risque revient, les investisseurs délaissent en général les valeurs refuge que sont les emprunts d'Etat allemands", un mouvement qui touche également la dette française, considérée elle aussi comme un actif plutôt sûr, a rappelé M. Bourguignon.

Mais à l'inverse, les actifs plus risqués, à savoir les dettes des pays du sud de l'Europe, ont profité de ce regain de confiance des investisseurs, se détendant avant de terminer stables.

En revanche, a poursuivi le spécialiste, "les marchés sont totalement indifférents aux enjeux politiques italiens".

La dette à dix ans de l'Italie est d'ailleurs rapidement repassée ce mardi sous les 2% après avoir franchi ce seuil à la hausse dans la foulée des élections italiennes de ce week-end.

Et pourtant, "les marchés se sont plutôt trompés" sur l'issue de ce scrutin, a convenu M. Bourguignon, car ils n'imaginaient pas que le Mouvement 5 étoiles ainsi que la Ligue fassent une telle percée.

A 18H00 (17H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a fini en hausse, à 0,675% contre 0,643% lundi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le mouvement a été similaire pour le rendement de même maturité de la France, qui est monté à 0,928% contre 0,907%.

A l'inverse, le taux d'emprunt à dix ans de l'Espagne s'est stabilisé après avoir d'abord reflué, à 1,491% contre 1,498% tout comme celui de l'Italie, à 1,997% contre 2,003%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique a grimpé pour sa part à 1,521% contre 1,495%.

A la fermeture des marchés européens, le taux d'emprunt à 10 ans des États-Unis se détendait légèrement, à 2,864% contre 2,881% lundi, à l'instar de celui à 30 ans, à 3,132% contre 3,153%. Celui à deux ans s'établissait à 2,229% contre 2,238%.

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