Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt des pays de la zone euro ont terminé sur une tension jeudi, les investisseurs évitant néanmoins de prendre des positions très marquées en attendant d'avoir de nouvelles raisons de se positionner, après l'élection présidentielle en France.

"Après le stress généré par la présidentielle française, le résultat a rassuré les marchés, mais tout était déjà anticipé", commente à l'AFP Eric Bourguignon, directeur général délégué de Swiss Life Asset Management France. Dans ces conditions, "les marchés marquent visiblement le pas", ajoute-t-il.

Le taux d'emprunt français, qui s'était tendu avant le premier tour de l'élection présidentielle, avait ensuite enregistré une forte détente entre les deux tours, les investisseurs pariant sur la victoire du pro-européen Emmanuel Macron.

Néanmoins, si l'écart entre le taux d'emprunt français et le bund, le taux allemand qui fait référence, s'est fortement rétréci, il n'a "pas retrouvé sa moyenne historique de la période 2015-2016, malgré les élections", note M. Bourguignon.

"Cela signifie qu'il y a peut-être une incertitude liée aux législatives, suscitant en quelque sorte une prime de risque", estime-t-il.

Mais pour le spécialiste, les investisseurs vont désormais se focaliser surtout "sur les données économiques et l'attitude des banques centrales avant de reprendre une position".

Or, au niveau macroéconomique, les statistiques évoluent de façon différente des deux côtés de l'Atlantique, avec d'une part une croissance américaine donnant des signaux contradictoires, et de l'autre une croissance européenne aux signes encourageants.

"Cela va focaliser l'attention des investisseurs. On s'attend à ce que les banques centrales réagissent face à cet environnement", résume M. Bourguignon.

La Banque d'Angleterre (BoE) a de son côté opté pour le statu quo ce jeudi, en maintenant comme attendu sa politique monétaire en l'état. L'institution a par ailleurs légèrement baissé sa prévision de croissance au Royaume-Uni pour 2017, tout en prévenant qu'un resserrement monétaire serait facilité par une meilleure tenue de l'économie et un Brexit "en douceur".

Les nombreuses statistiques publiées durant la séance n'ont de leur côté que peu pesé sur la tendance. Parmi l'agenda fourni, les prix à la production ont rebondi plus que prévu en avril aux Etats-Unis, tandis que les inscriptions hebdomadaires au chômage ont reculé, à la surprise des analystes.

La Commission européenne a de son côté légèrement relevé jeudi à 1,7% sa prévision de croissance dans la zone euro en 2017 et laissé inchangée sa perspective pour 2018 (1,8%).

À 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne est très légèrement remonté à 0,432% contre 0,422% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France s'est tendu un peu plus à 0,878% contre 0,846%.

Celui de l'Italie est monté dans une plus forte mesure à 2,294% contre 2,250%, tout comme celui de l'Espagne à 1,647% contre 1,606%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à 10 ans est resté presque stable à 1,159% contre 1,166%.

A la clôture du marché européen, aux États-Unis, le taux à dix ans se détendait légèrement à 2,396% contre 2,414%. Le taux à trente ans était stable à 3,039% contre 3,040% tandis que le taux à deux ans s'affichait à 1,334% contre 1,355% mercredi.

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