Paris (awp/afp) - La tension sur le marché de la dette a été généralisée en zone euro jeudi, les investisseurs se montrant visiblement réservés après la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) la veille.

A l'issue de sa réunion de politique monétaire, la banque centrale des Etats-Unis a poursuivi son resserrement monétaire, relevant ses taux d'intérêt d'un quart de point, conformément aux prévisions des marchés.

Si cette nouvelle hausse, la troisième depuis l'élection du président américain Donald Trump, était largement anticipée, les investisseurs ont en revanche été plus surpris par une autre annonce de la Fed.

Celle-ci a en effet précisé qu'elle pourrait entamer "cette année" une réduction de son vaste bilan de 4.500 milliards de dollars en bons du Trésor et titres appuyés sur des créances immobilières, qu'elle a accumulés depuis le début de la crise financière afin de faire baisser les taux à long terme.

Ce processus pourrait commencer "relativement rapidement", a précisé Janet Yellen, la présidente de l'institution, lors d'une conférence de presse mercredi.

"Ce qui n'était pas attendu, c'est que la Fed soit aussi précise sur le déroulé de la diminution de son bilan", explique à l'AFP Axel Botte, un stratégiste obligataire de Natixis AM.

"Actuellement, ils réinvestissent tous les remboursements de titres qui arrivent à échéance. Ils réinvestiront un peu moins, initialement 6 milliards de moins de bons du Trésor et 4 milliards de moins de titres adossés à l'immobilier", énumère M. Botte.

"C'est de la liquidité en moins, ce qui a contribué à tendre un peu les taux d'intérêt", ajoute le spécialiste.

En outre, selon M. Botte, "la Fed a été claire dans son communiqué: il faudrait vraiment un gros choc dans l'économie pour la faire dévier de ce calendrier de diminution du bilan".

Toujours du côté des banques centrales, les marchés ont regardé ce jeudi vers le Royaume-Uni, où la banque d'Angleterre (BoE) a maintenu comme attendu son taux directeur à 0,25%. A la surprise générale, trois voix ont appelé à une hausse immédiate afin de contrer une accélération de l'inflation supérieure aux prévisions.

Par ailleurs, les contours d'un accord semblaient se dessiner jeudi entre la Grèce et ses créanciers, zone euro et FMI, pour permettre le déblocage d'argent frais même si le pays n'obtiendra pas, dans l'immédiat, les mesures d'allègement de sa dette colossale (179% du PIB) qu'il réclame depuis des mois.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne est monté à 0,282% contre 0,226% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le mouvement a été similaire pour celui de la France qui a terminé à 0,628% contre 0,583%, tout comme pour celui de l'Italie, à 1,967% contre 1,939%, et celui de l'Espagne, à 1,416% contre 1,382%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à dix ans est aussi monté à 1,031% contre 0,927%.

A la fermeture des marchés européens, aux États-Unis, le taux à dix ans progressait à 2,160% contre 2,125%. Celui à trente ans évoluait à 2,782% contre 2,769%, tandis que le taux à deux ans s'établissait à 1,356% contre 1,331%.

afp/buc