PARIS (awp/afp) - Encore bousculées par la politique, américaine cette fois-ci, la Bourse de Paris et ses voisines européennes vont tenter de profiter de l'agenda creux des prochains jours pour se rasséréner et revenir à des préoccupations économiques.

A peine débarrassées des angoisses liées à la présidentielle française, les places européennes avaient débuté la semaine en fanfare, les Bourses de Londres et Francfort atteignant ainsi de nouveaux record historiques.

Mais les polémiques à répétition autour de Donald Trump ont largement refroidi les ardeurs et entamé une partie des importants gains enregistrés dans la foulée du premier tour de la présidentielle en France.

La tension a atteint un nouveau palier pour le président américain, déjà accusé d'avoir été trop bavard avec des diplomates russes. Selon un article du New York Times publié mardi, il aurait demandé mi-février au directeur du FBI James Comey, qu'il a limogé avec fracas la semaine dernière, de mettre un terme aux investigations visant Michael Flynn, son ancien conseiller à la sécurité nationale.

Face à ces révélations qui ont fait naître le spectre d'une procédure de destitution, les marchés boursiers ont aussitôt accusé le coup et connu de nets replis.

"Les mauvaises nouvelles, venues principalement des États-Unis, ont servi d'arguments aux investisseurs pour prendre des profits sur des marchés qui ont connu une belle ascension depuis le début de l'année", résume auprès de l'AFP Didier Saint-George, membre du comité d'investissement chez Carmignac Gestion.

"Nous ne nous attendions pas à une semaine aussi compliquée", relève également auprès de l'AFP Pascale Seivy, responsable du conseil en investissement chez Pictet en France.

"A Paris, les investisseurs attendaient calmement la constitution du nouveau gouvernement français", finalement passée au second plan, ajoute-t-elle.

- Réunion attendue de l'Opep -

"Comme souvent dans ce genre de configuration, les marchés peuvent faire preuve d'une certaine exagération, car la situation économique actuelle, marquée par une reprise, ne justifiait pas ces reculs", en particulier en Europe, complète M. Saint-George.

"Pour les marchés américains, la situation est un peu différente. Pour ce qui les concerne, voir un éventuel lien entre l'économie et la politique est plus légitime : les révélations qui mettent en cause Donald Trump pourraient en effet retarder l'avancée de ses projets de réformes économiques", note l'expert.

Vendredi, les marchés européens avaient déjà retrouvé des couleurs, augurant d'une semaine à venir un peu plus calme, à moins d'une nouvelle tempête médiatique aux Etats-Unis.

L'agenda ne compte que peu d'événements, à l'exception de la réunion de l'Opep jeudi à Vienne.

Les investisseurs espèrent que ce rendez-vous validera la prolongation de plusieurs mois de l'accord sur la réduction de la production décidé fin 2016. Une telle issue serait très favorable aux cours du pétrole, qui souffrent d'une surabondance de l'offre, et par ricochet aux valeurs liées aux matières premières.

"Tous les opérateurs s'attendent à ce que l'Opep maintienne sa discipline. Si elle refroidissait ces anticipations, cela constituerait une déception", observe M. Saint-George.

Du côté des entreprises, la saison des résultats est pour l'essentiel terminée.

Seuls quelques indicateurs de premier plan sont attendus, comme les baromètres allemands Ifo du moral des entrepreneurs et GfK des consommateurs ou encore les commandes de biens durables aux Etats-Unis.

Les investisseurs n'attendent pas non plus de nouveautés de la publication du compte-rendu de la Réserve fédérale américaine.

La journée fériée de l'Ascension, même si les places boursières sont ouvertes jeudi, devrait en outre priver les marchés d'un certain nombre d'intervenants.

"Au final", estime Mme Seivy, "nous risquons de nous retrouver avec une semaine un peu atone, avec toujours une petite fébrilité liée à l'actualité politique".

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