BRASILIA, 20 janvier (Reuters) - Brasilia a fermé vendredi ce qui était devenue la plus grande décharge d'Amérique latine, les autorités s'efforçant ainsi de régler un problème dont les concepteurs de la capitale brésilienne, fondée en 1960, n'avaient pas forcément pris toute la mesure.

Il est vrai qu'il était difficile pour les créateurs de la ville, l'architecte Oscar Niemeyer et l'urbaniste Lucio Costa, d'anticiper la croissance exponentielle de Brasilia, devenue en 67 ans la quatrième métropole du pays avec près de 2,5 millions d'habitants.

Comme elle est surtout peuplée par des fonctionnaires gouvernementaux bien payés - Brasilia affiche le ratio revenu par habitant le plus élevé du Brésil - elle se caractérise par une génération de déchets plus élevée que la moyenne.

Depuis 1960, 50 millions de tonnes de déchets se sont accumulés sur la décharge d'Estructural, située à une vingtaine de kilomètres du palais présidentiel et alimentée chaque jour par une armada de camions.

Le gouverneur du district fédéral Rodrigo Rollemberg a mis un terme à ce ballet en ouvrant une nouvelle décharge située à un point plus éloigné de la ville et fermant celle d'Estructural, provoquant de ce fait la colère de milliers de personnes vivant d'objet récupérés dans la décharge.

"Nous ne pouvons vivre avec cette plaie ouverte au beau milieu de la capitale de notre nation, une décharge où des êtres humains risquent leur vie pour un gagne-pain indigne d'eux", a déclaré le gouverneur à l'occasion de l'ouverture de la nouvelle décharge.

On estime à quelque 40.000 le nombre de personnes qui vivent de la récupération de boîtes de conserves, de fils de cuivre et de tout ce qui peut être récyclé et revendu à partir de la décharge d'Estructural.

Bon nombre de ces personnes auront du mal à trouver un emploi de remplacement étant donné que le Brésil, la première économie latino-américaine, commence à peine à se remettre de la pire récession subie par le pays depuis des décennies.

Rodrigo Rollemberg prévoit d'employer les "récupérateurs" d'Estructural dans des nouveaux centres de tri, où les déchets peuvent être traités en vue d'être recyclés dans des conditions de travail plus hygiéniques. (Anthony Boadle, Benoit Van Overstraeten pour le service français)