Francfort (awp/afp) - La BCE devrait en finir cette année avec son lourd programme de rachats de dette censé doper l'économie, estime le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, dans les extraits d'une interview diffusés mardi.

Tandis que l'institution a acheté pour près de 2.300 milliards d'euros d'obligations depuis mars 2015 afin de lutter contre le risque de déflation et booster l'économie en zone euro, mettre fin à ce programme en 2018 "serait à aujourd'hui approprié", déclare le banquier central allemand dans une interview au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Jens Weidmann, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, s'est opposé en octobre à la décision de prolonger le programme de rachat de dettes de neuf mois, de janvier à septembre prochain, en même temps que son rythme mensuel a été ramené de 60 milliards à 30 milliards d'euros.

Le responsable de la Bundesbank réitère au passage ses critiques envers ces achats qui "ont des effets secondaires négatifs non négligeables", alors que "les banques centrales sont devenues depuis les plus grands créanciers des États".

Lors de sa dernière réunion de décembre, la BCE a discuté du fait d'adapter assez tôt cette année son discours sur les indications avancées de sa politique monétaire. Le marché spécule depuis sur la date de fin des rachats de dettes, avant une hausse des taux qui commencerait bien après, sur fond de zone euro en phase d'expansion durable et d'inflation ayant tendance à remonter, bien que lentement.

Ce débat devrait se poursuivre lors de la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE de jeudi prochain, alors que la montée de l'euro s'invitera dans la discussion.

A la question de savoir s'il se voit succéder en novembre 2019 à l'Italien Mario Draghi pour présider la BCE, Jens Weidmann déclare qu'il ne faudra exclure aucune nationalité pour ce poste. Cela nuirait sinon à l'adhésion à l'Union monétaire. Le responsable allemand s'était borné à ce jour à répondre qu'il était trop tôt pour parler de ce sujet.

Candidat pressenti pour devenir l'homme fort de l'euro, M. Weidmann estime que ce qui comptera ne sera pas la nationalité du candidat, mais son engagement pour la stabilité des prix, qui est au coeur du mandat de la BCE. La décision sur le successeur de M. Draghi sera prise par les chefs d'Etats et de gouvernements de l'Union Européenne, au plus tard au cours de l'année 2019.

afp/rp