Les spectres du krach de l’été 2015, où beaucoup d’observateurs redoutaient un atterrissage brutal de l’économie chinoise, semblent ainsi appartenir au passé. Le taux de croissance chinois s’est effectivement stabilisé et a donné tort à de nombreuses cassandres qui y voyaient le commencement d’une nouvelle crise de plus grande envergure que 2007-2008. On parle d’un taux de croissance annuel de 6,7% pour 2016, ce qui à première vue demeure rassurant dans un contexte de ralentissement économique mondial qui a causé une chute des exportations chinoises.

Toutefois, cette stabilisation, qui devrait se poursuivre en 2017 avec un taux de croissance estimé à 6,5%, se fait au prix de l’endettement. La dette est utilisée massivement par le pouvoir central comme un outil pour soutenir la demande interne. L’équation est finalement simple à résoudre, si les objectifs de croissance ne peuvent pas être atteints via les exportations, ils le seront avec la demande intérieure. A priori, soutenir le crédit à grande échelle présente de nombreux avantages, comme la montée en gamme du pays où encore le développement des services, qui s’avère être indispensable dans un contexte mondial en proie à la montée du protectionnisme. Or, cet endettement ne permet pas d’augmenter le taux de croissance, mais de contenir son ralentissement, la nuance est importante. 
 

 
Répartition de la dette selon les acteurs économiques 
 
Par conséquent, la Chine contracte une dette beaucoup trop volumineuse pour une économie émergente. Celle-ci représente près de 260% du PIB et fait courir de nombreux risques sur son économie. Cette combinaison infernale a par ailleurs poussé l’agence de notation Moody’s à abaisser la note qu’elle attribue à la dette chinoise (de Aa3 à A1, selon son barème).

Le fond du problème demeure concentré sur la situation des entreprises privées, confrontées à des difficultés de surendettement et de surcapacité de production, alors que les gains de productivité tendent à s’affaiblir. Dans cette situation, la qualité des crédits est sérieusement remise en cause, d’autant plus que l’ampleur des actifs toxiques en circulation reste difficile à quantifier du fait de l’opacité de certains circuits de financement, notamment à travers le recours généralisé au shadow banking.

Ces voies alternatives, aussi appelées finance de l’ombre, sont empruntées par de nombreuses entreprises chinoises qui se tournent vers des créanciers en dehors du secteur bancaire, faute de pouvoir bénéficier de crédits classiques à cause de conditions d’octroi trop strictes. Les taux d’intérêts pratiqués sont prohibitifs, attirant des acteurs aux caractéristiques variées tels que les collectivités locales, les entreprises fiduciaires ou encore des fonds d’investissement. Les transactions, estimées à plus de 7000 milliards de dollars, échappent complètement aux régulateurs et constituent un risque systémique caché.

Néanmoins, bien que l’environnement des affaires pâtisse de ces lacunes, la Chine est assise sur des réserves de changes abondantes. Cela lui donne encore du temps pour lever l’ambiguïté sur l’arbitrage que font les autorités entre les réformes nécessaires à la régulation du système financier (protection juridique des créanciers, désendettement des acteurs privés) et le soutien à la croissance.

D’un point de vue technique, en unités de temps hebdomadaire, après l’effondrement des cours amorcé en août 2015 (phase bleutée), le Shanghai Composite évolue désormais au sein d’un trading range cadré entre 3300 (A) et 3050 points (B). La volatilité a ainsi laissé sa place à une longue phase de distribution des cours, en atteste la convergence des différentes moyennes mobiles, à 20, 50 et 100 semaines. Dans cette configuration, on attendra une sortie du trading range pour ouvrir une position.

Un scénario haussier opterait pour un comblement total du gap laissé ouvert en fin d’année 2016 à 3515 points (C). Au contraire, une sortie par le bas supposerait une reprise de la tendance baissière de moyen terme, avec comme target les plus bas de 2016 à 2700 points (D)