Bâle (awp/ats) - Corum a évolué à l'inverse de la tendance du marché l'an dernier, avec un chiffre d'affaires en croissance de 38%, à plus de 50 millions de francs suisses, indique le directeur général de la marque horlogère chaux-de-fonnière Davide Traxler. Ce dernier a récemment repris la direction ad interim d'Eterna.

"Pour la première fois depuis dix ans, Corum a été rentable", se réjouit Davide Traxler lors d'un entretien accordé à l'ats lors de Baselworld. L'entreprise, rachetée par le groupe chinois Citychamp Watch & Jewellery Ltd (ex-China Haidan) en 2013, perdait chaque année entre 10 et 20 millions de francs suisses, jusqu'en 2014.

Pour expliquer cette évolution réjouissante, le directeur opérationnel évoque une question de cycle et estime que la marque avait "tout simplement besoin de se ranimer". "Nous essayons également d'être davantage à l'écoute de nos clients", précise-t-il.

Toutes les équipes sont par exemple locales, ce qui donne une meilleure qualité de retour avec les détaillants, indique ce Suisse né à New York. "Cette mixité de feedback nous permet de ne pas regarder le monde à travers la même lentille".

Celui qui a fait cinq tours du monde l'an dernier organise régulièrement des rencontres avec tous les vendeurs pour écouter leurs feedbacks, "car ce sont eux qui voient les clients tous les jours". Les détaillants peuvent ainsi préciser ce qu'ils attendent de la part de Corum, que ce soit sur les formes des montres ou les différentes collections.

Pas question pour autant pour la marque de changer d'orientation ou de gamme de prix. Bien au contraire, souligne M. Traxler. "Nous vendons très bien le haut de gamme. Notre best-seller est par exemple une montre en or qui se vend au-dessus de 35'000 francs suisses".

Deux filiales fermées

La société basée à La Chaux-de-Fonds a fermé deux filiales l'an dernier, en Inde et en Russie. Celles-ci, trop petites, étaient complexes à gérer. Tous les autres marchés ont enregistré une croissance, souligne Davide Traxler.

En tant que société de taille modeste, Corum n'a pas trop souffert des perturbations géopolitiques ou économiques. "Pour une société qui fait des ventes de 50 millions de francs suisses, il y a toujours de la place, même si le marché a effectivement ralenti".

Les effectifs ont été augmentés d'environ 10% l'an dernier. Corum emploie au total 117 personnes, dont 77 à La Chaux-de-Fonds.

La société horlogère neuchâteloise est très satisfaite de son début d'année. Une grande partie de la clientèle est satisfaite et Baselworld a bien démarré, estime son patron. Au final, ce dernier table sur une croissance à deux chiffres cette année aussi.

A la tête d'Eterna

Peu avant l'ouverture du salon bâlois, Citychamp Watch & Jewellery Ltd a annoncé que Davide Traxler allait prendre, outre ses fonctions actuelles, la direction ad interim de la marque soleuroise Eterna, également propriété depuis 2011 du groupe chinois.

"Les propriétaires ont réalisé en octobre que les choses étaient insoutenables telles qu'elles fonctionnaient", explique M. Traxler, sans plus de précisions. Ce dernier a présenté un plan prévoyant davantage d'intégration avec Corum, sans pour autant se concurrencer.

Le but est de faire travailler ensemble les deux marques, afin de dégager des synergies. Cette collaboration ne concerne toutefois pas tous les territoires, car Eterna possède une ligne et un style pas nécessairement adapté à tous les marchés.

Légère baisse des ventes

Quant à la marche des affaires, la société basée à Granges (SO) a enregistré des ventes aux alentours de 10 millions de francs suisses en 2016, en légère baisse sur un an. La marque devrait toutefois dévoiler davantage de chiffres prochainement. Davide Traxler ne souhaite pas non plus juger le travail de son prédécesseur.

A propos de sa prise de fonctions, il précise que les propriétaires lui ont demandé de faire grandir et développer la marque. "Faire grandir prend du temps", note le dirigeant, qui se voit à titre personnel rester environ deux ans à la tête d'Eterna, sans aucun engagement toutefois.

Concernant le propriétaire chinois, Davide Traxler souligne qu'il ne constitue pas un avantage et dénonce au contraire la méfiance à son encontre, parlant même de discrimination. "En revanche, il est agréable de travailler avec un vrai entrepreneur, un visionnaire", conclut-il.