Les deux groupes vont investir plus de 11,9 milliards de yuans (1,53 milliard d'euros) pour lancer la production des derniers modèles de Mercedes-Benz, y compris électriques, a déclaré BAIC dans un avis à la Bourse de Hong Kong publié vendredi et confirmé dimanche par Daimler.

Le président de Geely, le constructeur chinois qui contrôle Volvo Cars, a annoncé vendredi soir avoir pris une participation de près de 10% dans Daimler, un pari de 7,5 milliards d'euros pour accéder aux technologies du propriétaire de Mercedes.

Cette initiative pose un dilemme à Daimler, qui en plus de son partenariat avec BAIC a une alliance industrielle avec Renault-Nissan, le tandem franco-japonais qui est actionnaire à hauteur de 3,1% du groupe allemand.

Li Shufu, le président de Geely qui a amassé discrètement une participation de 9,69% dans Daimler, sera lundi au siège de la firme à Stuttgart et espère voir le lendemain des représentants du gouvernement allemand à Berlin, a-t-on appris auprès d'une source proche de la situation.

Son approche contraste avec celles de précédents groupes chinois intéressés par des sociétés en Allemagne - comme Midea, acquéreur du spécialiste de la robotique Kuka ou Weichai devenu actionnaire de référence du fabricant de chariots élévateurs Kion - qui consultaient et informaient longuement les parties prenantes.

BERLIN LAISSE FAIRE

Berlin a dit ne pas voir la nécessité d'une réponse à l'initiative de Geely, que ce soit au niveau des règles de la concurrence ou de celles régissant les investissements étrangers.

"C'est une décision d'entreprise. En raison du caractère minoritaire de la participation, il n'y a nul besoin d'agir", a dit un porte-parole du gouvernement.

Le gouvernement a refusé de commenter un article du journal Bild am Sonntag selon lequel Li Shufu aura mardi une "rencontre secrète" à la Chancellerie avec le conseiller économique d'Angela Merkel.

Daimler s'est aussi refusé à confirmer la venue du président de Geely à Stuttgart.

Daimler est le seul des trois grands constructeurs automobiles allemands à ne pas être contrôlé par une famille. Volkswagen est détenu majoritairement par le clan Porsche-Piëch tandis que BMW appartient pour 47% à Susanne Klatten, la femme la plus riche d'Allemagne, et à son frère Stefan Quandt.

Geely, de son vrai nom Zhejiang Geely Holding, a multiplié les acquisitions dernièrement. Le groupe déjà propriétaire de Volvo Cars et de LEVC, le fabricant des taxis londoniens, a pris l'an dernier des participations importantes dans le constructeur de voitures de sport Lotus, le constructeur malaisien Proton, dans les poids lourds Volvo Trucks et aussi dans la start-up Terrafugia qui travaille sur un concept de voiture volante.

Selon une source proche du groupe chinois, Geely s'intéresse tout particulièrement aux technologies de Daimler pour la voiture autonome, notamment dans la connectivité par satellite avec internet.

Geely avait fait une première approche au groupe allemand en novembre, lui proposant de prendre jusqu'à 5% du capital via un placement réservé, mais Daimler s'y était opposé pour éviter une dilution de ses actionnaires existants, avait rapporté Reuters à l'époque.

Devant ce refus, le président de Geely a procédé pas à pas pour amasser 9,69% du capital.

Les investisseurs sont théoriquement tenus d'informer la BaFin, l'autorité de régulation des marchés allemands, lorsqu'ils franchissent des seuils de 3% puis 5% du capital d'une société cotée. La BaFin n'a pas répondu pendant le week-end à une demande de commentaire.

Geely a dit samedi ne pas envisager "pour le moment" d'augmenter sa participation. Le constructeur chinois affirme souhaiter une alliance avec Daimler dans les véhicules électriques face au défi posé par de nouveaux entrants comme Tesla ou Uber Technologies.

(Andreas Rinke, avec Norihiko Shirouzu à Pékin, Véronique Tison pour le service français)