Donald Trump a cité la mauvaise manipulation de documents classifiés par le président américain Joe Biden après avoir quitté la vice-présidence, alors qu'il cherche à faire annuler les accusations criminelles liées à sa propre conservation de documents sensibles, comme l'ont montré des documents judiciaires jeudi.

M. Trump, l'ancien président et l'opposant républicain au démocrate Joe Biden lors de l'élection du 5 novembre, a fait valoir que la décision de ne pas inculper M. Biden et d'autres hauts fonctionnaires américains qui ont mal géré des informations classifiées montre qu'il est ciblé de manière sélective par les procureurs.

Le juge de district Aileen Cannon, qui supervise l'affaire et qui a été nommé par M. Trump, se prononcera sur la contestation de M. Trump. Mme Cannon, qui s'est montrée réceptive à certains des arguments de la défense de M. Trump, a interrogé les procureurs lors d'audiences précédentes sur les raisons pour lesquelles d'anciens présidents et vice-présidents en possession de documents potentiellement classifiés n'avaient pas été inculpés.

M. Trump doit faire face à une barre juridique élevée pour démontrer qu'il a été ciblé de manière sélective et de telles contestations sont rarement couronnées de succès, mais l'argument s'aligne sur le message de campagne de M. Trump selon lequel il est victime de persécution politique.

"L'histoire américaine regorge d'exemples publics de mauvaise manipulation présumée d'informations et de documents classifiés, qui n'ont pas donné lieu au type d'accusations politiquement motivées que le bureau du conseiller spécial a portées contre le président Trump et ses coaccusés", ont écrit les avocats de M. Trump dans un document déposé auprès du tribunal.

Ces arguments figurent dans un document déposé sous scellés en février et rendu public jeudi avec quelques expurgations.

M. Trump a plaidé non coupable des accusations selon lesquelles il aurait conservé illégalement des informations relatives à la sécurité nationale des États-Unis dans son complexe de Mar-a-Lago, en Floride, après son départ de la présidence en 2021, et fait obstacle aux efforts déployés par le gouvernement pour récupérer ces documents.

M. Trump, premier ancien président des États-Unis à faire l'objet de poursuites pénales, a été inculpé dans quatre affaires distinctes et est jugé par un tribunal de l'État de New York pour des allégations selon lesquelles il aurait falsifié des documents afin de verser des pots-de-vin à une star du porno avant l'élection de 2016.

Le conseiller spécial Jack Smith, qui dirige les poursuites relatives aux documents, a fait valoir dans un précédent document judiciaire que l'obstruction présumée de M. Trump - notamment le fait d'avoir demandé à des collaborateurs de déplacer des boîtes contenant des documents classifiés et d'avoir tenté de convaincre son avocat de mentir aux enquêteurs - différencie le cas de M. Trump de celui de M. Biden.

Robert Hur, l'avocat spécial qui a enquêté sur les documents classifiés trouvés au domicile et dans les anciens bureaux de M. Biden, a noté la coopération de M. Biden à son enquête et a cité des "distinctions matérielles" avec le cas de M. Trump dans un rapport publié en février. Robert Hur a refusé d'engager des poursuites pénales à l'encontre de M. Biden, mais il a trouvé des preuves que ce dernier avait volontairement conservé des documents sensibles après avoir quitté la vice-présidence en 2017.

M. Cannon avait déjà rejeté deux autres tentatives de M. Trump de rejeter les accusations.