Le contexte de l’Aéronautique :
Airbus a révisé en forte hausse ses volumes de livraisons pour les monocouloirs (près de 1.300 avions de plus, prévus d'ici 20 ans par rapport à la prévision de 2016) et long-courriers, mais abaisse son anticipation pour les gros porteurs comme l'A380.
Tom Enders, le CEO d’Airbus temporise le potentiel enthousiasme des équipementiers, suite entre autres aux déboires des retards de livraison de Zodiac sur la fourniture des sièges d’avions ces dernières années. Ce dernier pose ainsi son contexte d’exigences aux sous-traitants « Dans ce marché ultra-compétitif et sous tension en raison des montées en cadence, Airbus a prévenu qu'il se montrerait intraitable avec ses fournisseurs. »
L’enjeu des équipementiers :
Le challenge actuel des équipementiers est de se positionner au mieux sur les nouveaux programmes des grands donneurs d’ordres tels que Boeing et Airbus. Ils doivent ainsi investir tant au niveau de la R & D pour maintenir un niveau d’innovation important (l’arrivée de la 3D, la digitalisation...) qu’au niveau de leur appareil de production, pour respecter les évolutions technologiques et tenir les futures montées en cadence. Ces investissements importants se font dans un contexte de pression sur les coûts de la part des donneurs d’ordres (principalement Airbus et Boeing).
Pour résumer, la période actuelle pour les équipementiers est délicate et cruciale. Elle va favoriser et accélérer les opérations de concentration dans le secteur. La taille critique, la rationalisation et la désintermédiation de la chaine de production militent dans ce sens.
L’émergence d’un nouvel acteur Chinois, crédible ?
Le C919, équivalent chinois de l'Airbus A320 et du Boeing 737, a fait son premier vol il y a quelques semaines à Shanghai (avec 3 ans de retard..). La Chine veut commencer à rivaliser avec Airbus et Boeing. Le talon d’Achille de cette stratégie repose sur le fait que le constructeur chinois dépend énormément des équipementiers occidentaux.
De plus le C919 est loin d’être homologué à voler dans le reste du monde excepté en Chine. D’ailleurs Airbus a déclaré envisager un éventuel début de concurrence avec le constructeur chinois pas avant 20 ans…
China’s challenger to Airbus and Boeing, the Comac C919, still sources many parts from European and US companies https://t.co/jXndwzPgg9 pic.twitter.com/5EHgOk9ZAZ
— Financial Times (@FT) 1 mai 2017
L’opportunité d’investir maintenant sur le secteur :
Sur le plan strictement boursier, investir sur les équipementiers aéronautiques semble donc à priori très intéressant pour 4 raisons :
- Une croissance à long terme et une excellente visibilité pour le secteur aéronautique
- Un contexte à court terme de transition, qui pourrait donner des points d’entrée intéressants au niveau boursier
- Une dimension spéculative liée à la concentration en cours du secteur
- Une autre dimension spéculative : le début de l’émergence de l’aéronautique chinois. Les sous-traitants de ce dernier, principalement occidentaux, pourraient tenter la Chine de faire ses courses parmi ces derniers, même si dans la pratique cela parait quelque peu compliqué. (les donneurs d’ordres comme Airbus et Boeing ainsi que les Etats parfois actionnaires directement ou indirectement, pourraient s’opposer à de telles opérations ou tout au moins seraient tenter de les freiner).
Un mouvement de concentration qui a déjà commencé :
- En octobre 2016 l'équipementier américain Rockwell Collins a racheté son compatriote B/E Aerospace pour 6,4 milliards de dollars, plus une reprise de dette de 1,9 milliard, soit 8,3 milliards$. Avec cette opération, Rockwell Collins étoffe son offre de produits pour l'aviation civile et l'aviation d'affaires et élargit sa base de clientèle à l'international. (Prime de 23%)
- En février 2017 La Sonaca, société belge (non cotée) devient un acteur majeur du secteur mondial de l’aérostructure en rachetant LMI Aerospace (prime de +50%), société américaine cotée sur le Nasdaq spécialisée dans le design et la production de structures complexes dans l’aéronautique
- Le 19 janvier 2017 Safran avait annoncé une Offre Pubique sur Zodiac au prix de 29,47€, une fronde d’un Hedge Fund (TCI, actionnaire de Safran) et un profit warning plus tard, l’offre est revue à la baisse le 24 mai, à 25€, soit un discount de 15% par rapport à la première offre. Au regard de la cotation actuelle de Zodiac 23,67€, il ressort une décote de plus de 5% sur l’offre proposée par Safran, signe que le marché reste encore prudent sur l’issue de cette fusion.
La notation des entreprises cotées du secteur avec le Market Screener :
Grâce à notre outil « Market Screener » dans sa nouvelle version (bientôt disponible sur le site), nous avons réalisé deux sélections qui rassemblent les plus belles valeurs cotées du secteur au regard du consensus de l’ensemble des analystes. Nous nous sommes limités aux capitalisations boursières supérieures à 100Millions$.
La première sélection met l’accent sur un mix qualités intrinsèques & valorisation et situation financière. La seconde sélection insiste davantage sur les valeurs dont le potentiel de croissance tant au niveau du chiffre d’affaires que des résultats est le plus important.
Insister sur le critère « valorisation » permet de distinguer les éventuelles valeurs du secteur qui recéleraient le maximum de primes en cas d’opération financière.
S’intéresser au critère croissance permet d’insister sur les titres qui sont les plus susceptibles de capter l’énorme croissance du secteur selon le consensus des analystes.
- Meilleur mix qualités intrinsèques & croissance