par Joan Faus

BARCELONE, 12 mai (Reuters) - Les Catalans sont appelés aux urnes dimanche pour des élections régionales, un scrutin anticipé à l'enjeu national qui permettra de mesurer la force des indépendantistes et pourrait décider du sort du gouvernement du socialiste Pedro Sanchez.

Les sondages donnent le socialiste Salvador Illa en tête devant Junts per Catalunya, le parti de Carles Puigdemont, et son rival Esquerra Republicana de Catalunya (ERC), qui gouverne actuellement la région.

Carles Puigdemont, ancien président de la Catalogne un temps en exil en Belgique, est le candidat de Junts per Catalunya ("Ensemble pour la Catalogne").

En 2017, son gouvernement avait organisé un référendum d'autodétermination - interdit par la justice - et déclaré unilatéralement l'indépendance de la Catalogne. Les dirigeants séparatistes avaient été arrêtés et emprisonnés, d'autres avaient fui à l'étranger.

"Aujourd'hui, nous sommes plus forts, plus résistants et déterminés. Il est temps de revenir", a dit Carles Puigdemont lors d'un événement de campagne organisé vendredi dans le sud de la France, à la frontière avec la Catalogne.

Carles Puigdemont fait l'objet de poursuites en Espagne pour son rôle dans du référendum sur l'indépendance de la Catalogne déclaré illégal par la justice espagnole.

Il devrait rentrer en Espagne une fois que l'amnistie conclue avec le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), au pouvoir, entrera en vigueur.

"Nous sommes la plus grande nation d'Europe qui n'est pas un Etat, et l'Espagne n'a pas été en mesure de nous empêcher de travailler sans relâche pour obtenir l'indépendance", a dit Carles Puigdemont.

Le PSOE devrait remporter 40 des 135 sièges que compte le Parlement de Catalogne, Junts per Catalunya, 34 sièges, et ERC, 26 sièges, selon une synthèse des intentions de vote réalisée par le quotidien El País.

Une victoire des socialistes mettrait fin à une décennie de gouvernements séparatistes et justifierait la démarche conciliante adoptée par Pedro Sanchez vis à vis de la Catalogne.

"Nous avons besoin d'un changement le 12 mai, et seul Salvador Illa peut l'apporter", a dit Pedro Sanchez lors d'un événement de campagne organisé par le PSOE à Barcelone.

Selon les sondages, quelque 40% des électeurs se déclarent toutefois indécis.

ÉLECTEURS INDÉCIS

Lino Iglesias, un habitant de Barcelone âgé de 76 ans, a déclaré qu'il ne déciderait pour qui voter qu'à la dernière minute.

"Je ne fais confiance à aucun candidat", a-t-il dit, hésitant entre le Parti populaire (PP, droite) et Junts per Catalunya, malgré son aversion pour Carles Puigdemont.

Avec une majorité absolue de 68 sièges, la formation d'une coalition gouvernementale paraît toutefois inévitable.

Si les socialistes l'emportent, ils pourraient chercher à s'allier avec ERC ou Junts per Catalunya, bien que les deux partis séparatistes aient jusqu'à présent exclu cette possibilité.

Dans le cas contraire, les socialistes pourraient tenter une alliance encore plus improbable avec le PP, leur principal rival au niveau national.

ERC ou Junts per Catalunya, s'ils remportaient le scrutin, pourraient chercher à former un nouveau gouvernement pro-indépendance.

Si aucun accord de coalition n'était trouvé d'ici le mois d'août, une nouvelle élection serait organisée au mois d'octobre.

(Avec la contribution de Belén Carreño; version française Camille Raynaud)