Contextualisons. La Banque centrale européenne est la garante de la stabilité des prix. Pour assurer une marge suffisante vis-à-vis de la gangrène déflationniste, sa cible d’inflation est fixée à un niveau proche de +2% sur un an. Mais dans un environnement économique difficile en Europe depuis l’éclatement de la crise des subprimes d’abord, puis de la dette souveraine ensuite, Francfort a dû multiplier les mesures non-conventionnelles pour soutenir les prix et conserver une distance raisonnable vis-à-vis de son objectif.
 
Tandis que l'institution impose, entres autres, des taux négatifs sur les dépôts ou qu'elle injecte toujours 60 milliards d'euros dans l'économie chaque mois (QE), la reprise de l'Union monétaire se confirme et les prix à la consommation enregistrent une avancée de +1.5% sur un an dans l'Union monétaire au mois d'Août. L'inflation sous-jacente, excluant les secteurs volatils de l'énergie et de l'alimentation, progresse de +1.2% sur la même période. Des niveaux compatibles avec un potentiel début de normalisation de la politique monétaire.
 
Cependant ces perspectives contribuent largement à soutenir l'Euro qui vole de plus hauts en plus hauts cette année, ralliant même 1.20 USD ces derniers jours pour la première fois depuis fin 2014, contre moins de 1.04 USD en janvier. Problème : une monnaie plus forte fait chuter les prix des produits importés et pénalise les exportations, des symptômes qui n'encouragent pas à réguler le robinet de l'argent facile.
 
Mario Draghi et son équipe font donc face à un cruel dilemme, par ailleurs amplifié par une certaine défiance vis-à-vis des Etats-Unis et la faiblesse du billet vert. A l'occasion de sa prochaine décision, ce jeudi 7 septembre, le Conseil des gouverneurs pourrait donc tenter de se donner un peu d'air en s'employant officieusement à faire trébucher l'Euro. Une entreprise néanmoins délicate alors que foisonnent les exemples de banques centrales ayant échoué à maintenir une pression durable sur leur devise dans pareille situation.