Ces fusions et acquisitions présentent une multitude d'avantages. Quand la cible est complémentaire, l'achat permet de diversifier l'offre de l'acquéreur sur les différents segments de jeux (casino en ligne, poker, bingo, loterie nationale, jeux de hasard, paris sportifs, hippiques, ou e-sportifs, sur mobile, sur desktop ou même en VR…) ou sur différents territoires. Ainsi, le récent rachat de Kindred pour 2.6 milliards d'euros permet à la FDJ de tirer profit de l'implantation du groupe suédois aux Pays-Bas, en Belgique, en Suède et au Royaume-Uni notamment, et de se positionner en avance sur des marchés en passe d'être régulés, tels que la Norvège.  

Le français assoit ainsi sa stratégie d'internationalisation (il deviendra deuxième ou troisième opérateur du continent européen, gagnera en notoriété et triplera son Produit Brut des Jeux - PBJ - réalisé à l'international), déjà entamée avec la conquête de Premier Lotteries Ireland (ou PLI, l'opérateur de loterie irlandais) en novembre 2023 pour 350 millions d'euros. Avec ce rachat, la FDJ devenait, pour la première fois, opérateur d’une loterie étrangère, consolidant ainsi son empreinte sur ce segment. 

La prise de Kindred permet aussi à l'acteur français de mettre la main sur  des marques célèbres dans l'univers du jeu (Unibet ou encore 32Red) et sur les plateformes technologiques très abouties du groupe scandinave. Ayant fait ses armes historiques dans l'univers physique, la FDJ accélère ainsi sa digitalisation et améliore son expertise numérique (la part du numérique dans le Produit Brut des Jeux passera de 14 % à 29 % pour le groupe combiné). Très ancré dans la loterie et les jeux de grattage, la Français des Jeux a aussi diversifié son offre en septembre 2023 en s'emparant de ZeTurf pour 175 millions d'euros, un spécialiste des paris hippiques, historiquement la spécialité du concurrent de la FDJ PMU. 

Côté finances, sans surprise, le gain est aussi indéniable : synergies entre les groupes, réalisation d'économies, accélération de croissance des résultats, et, ne l'oublions pas, création de valeur pour les actionnaires. 

Marché de l'industrie des casinos et des jeux d'argent en ligne

dans le monde de 2012 à 2022 (en milliards de dollars américains)

Une tendance européenne et mondiale  

 

L'opération de la FDJ s'inscrit dans un mouvement plus global de consolidation. La semaine dernière, c'est l'américain DraftKings (initialement spécialiste des paris sportifs virtuels et les fantasy leagues) qui annonçait mettre le grappin sur l'application JackPocket, intermédiaire de loterie, pour 750 millions de dollars et pour attaquer cette manne monstrueuse, après avoir renoncé à prendre les activités américaines de PointsBet Holdings Ltd en juin dernier. 

L'américain Gan Limited, opérateur et fournisseur de plateformes supports de jeux et de casino, largement présent sur les Amériques, dévoilait en fin de semaine dernière sa fusion avec Sega Sammy Creation (propriété de Sega Sammy Holdings, une holding japonaise spécialisée dans les technologies et machines de jeu d'argent. 

En Europe, c'est le suédois Betsson qui prenait possession en juin dernier de BetFirst, un des principaux acteurs des jeux et paris sportifs en Belgique, pour environ 120 millions d'euros, et de son large réseau de distribution physique locale. Son compatriote Evolution AB (25 milliards d'euros de capitalisation boursière, grand spécialiste des casinos en ligne) annonçait début février s'approprier Livespins, dédié au pari collectif en streaming, pour au moins 5 millions d'euros. 

En juin toujours, le britannique Entain rachetait le bookmaker poonais STS holding pour 750 millions de livres sterling, confortant sa position en Europe de l'est. Un mois plus tard, il ajoutait à son portefeuille l'américain Angstrom Sports, spécialisé dans la modélisation, la prévision et l'analyse sportive, pour 122 millions de livres. 

En septembre 2023, Flutter Entertainment raflait 51% du serbe MaxBet, société opérant elle aussi en omnicanal, pour 141 millions d'euros, avec la possibilité d'ajouter les 49% restants en 2029. Le leader irlandais (35 milliards d'euros de capitalisation) mise ainsi sur la très forte croissance de l'industrie dans les pays des Balkans et du sud de l'Europe orientale. 

Si l'on fait attraction d'une année 2022 morose, l'évolution des courbes des acteurs cotés du secteur depuis 2018 illustrent la vivacité de ce marché : 

et encore plus depuis le début de l'année 2024 : 

Côté ETF, pour miser sur la thématique, les produits disponibles sont assez limités et ne sont pas ouverts à tous les pays. Il existe notamment le Roundhill Sports Betting & iGaming ETF ("BETZ ETF") et le VanEck Video Gaming and eSports ETF (ESPO®). Vous pouvez aussi vous pencher sur notre liste thématique dédiée.