BARCELONE, 21 août (Reuters) - La police autonome de Catalogne a confirmé lundi avoir tué Younès Abouyaaqoub, auteur de l'attaque sur les Ramblas et dernier membre encore en fuite de la cellule djihadiste responsable des attentats de la semaine dernière en Catalogne.

Ces deux attaques au véhicule bélier, revendiquées par l'organisation Etat islamique, ont fait au total 14 morts et 120 blessés. Un quinzième décès a été attribué aux djihadistes, un automobiliste tué jeudi soir dans sa fuite par l'auteur de l'attaque sur les Ramblas.

Selon la police espagnole, la cellule djihadiste était composée de douze membres. Elle préparait semble-t-il des opérations de plus grande envergure mais une explosion accidentelle l'a contrainte à revoir ses projets.

Le point sur l'enquête.

LES EVENEMENTS

Jeudi 17 août, une camionnette blanche pénètre vers 16h50 (14h50 GMT) sur LES RAMBLAS, artère touristique majeure de Barcelone, et fonce dans la foule, fauchant piétons et cyclistes. L'attentat fait 13 morts et une centaine de victimes, de 34 nationalités différentes.

Après avoir immobilisé son véhicule, le conducteur, Younès Abouyaaqoub, qui a agi seul, prend la fuite à pied. L'analyse d'images de vidéosurveillance montre qu'il traverse le marché très touristique de La Boqueria, sur les Ramblas. Entre 18h20 et 18h30, il arrive dans la Zone universitaire, située plusieurs kilomètres à l'ouest. Sur un parking, il tue un automobiliste à l'arme blanche, dispose le corps à l'arrière de sa voiture et vole le véhicule.

Dans sa fuite hors de Barcelone, Abouyaaqoub refuse de s'arrêter à un barrage routier. Les policiers ouvrent le feu. Le fugitif prend la fuite à pied. Sa trace se perd jusqu'à l'opération de police de lundi à Subirats, une commune située à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Barcelone, au cours de laquelle il a été abattu par des membres des forces de l'ordre.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, une voiture fonce sur des passants et des policiers dans la station balnéaire de CAMBRILS, à 120 km au sud de Barcelone, tuant une femme et blessant plusieurs personnes. Les cinq occupants de l'Audi sont abattus par des policiers. Ils étaient armés de couteaux et d'une hache et portaient de fausses ceintures d'explosifs.

EXPLOSION A ALCANAR

La police établit rapidement un lien entre les deux attaques et l'explosion survenue la nuit précédente dans une maison à Alcanar, localité située au sud-ouest de Barcelone. La résidence a été rasée par la déflagration peu avant minuit. L'examen des restes humains permet de confirmer que deux personnes ont péri dans l'explosion.

Les enquêteurs pensent que la maison servait d'atelier clandestin et que les membres de la cellule djihadiste y préparaient une ou plusieurs attaques de grande envergure, sans doute en utilisant des bonbonnes de gaz butane (plus de 100 bonbonnes étaient entreposées dans l'habitation, les enquêteurs ont aussi retrouvé du TATP, une substance explosive).

L'explosion, sans doute accidentelle, a contraint les membres de la cellule à revoir leur projet à la baisse et a mettre sur pied à la hâte ces attaques à la voiture bélier, plus rudimentaires, estime la police.

LES DOUZE MEMBRES PRESUMES DE LA CELLULE

Quatre personnes ont été arrêtées par la police espagnole, trois Marocains et un Espagnol de Melilla, enclave espagnole située sur la côte nord du Maroc. Il s'agit de DRISS OUKABIR, qui s'est livré à la police, affirmant son innocence, de MOHAMED AALLAA, le propriétaire de l'Audi utilisée à Cambrils, de SALAH EL KARIB, gérant d'un café internet à Ripoll, une commune du nord de la Catalogne d'où sont originaires plusieurs membres de la cellule, et de MOHAMED HOULI CHEMLAL, qui a été blessé dans l'explosion d'Alcanar. Aucun n'était connu des services de l'antiterrorisme.

La police diffuse des informations concernant quatre suspects recherchés. Tous sont des Marocains vivant à Ripoll, une petite ville du nord de la Catalogne, proche de la frontière française. Il s'agit de MOUSSA OUKABIR, 17 ans, frère de Driss, SAÏD AALLAA, 18 ans, MOHAMED HYCHAMI, 24 ans, et YOUNÈS ABOUYAAQOUB, 22 ans.

Les trois premiers meurent à Cambrils aux côtés de deux autres hommes (identifiés sous les noms d'OMAR HYCHAMI et HOUSSAINE ABOUYAAQOUB par les médias espagnols).

Le quatrième, qui faisait l'objet d'un avis de recherche européen, a été lundi en fin d'après-midi lors d'une opération de police à Subirats, commune située à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Barcelone.

Considéré comme une figure centrale de la cellule, à l'origine de la radicalisation de ses membres, ABDELBAKI ES SATTY, ancien imam de Ripoll, figure parmi les victimes de l'explosion d'Alcanar, selon des "indices solides" dont la police catalane a fait état lundi. Un autre membre de la cellule, YOUSSEF AALLAA, aurait lui aussi péri dans l'explosion mais l'hypothèse n'a pas encore été confirmée.

REVENDICATION DE L'ETAT ISLAMIQUE

Dans un communiqué diffusé dans la soirée par l'agence Amak, l'un de ses organes de presse, le groupe Etat islamique revendique l'attaque à Barcelone. L'attaque de Cambrils n'a pas encore eu lieu. "Les auteurs de l'attaque de Barcelone sont des soldats de l'Etat islamique et ont mené une opération en réponse aux appels à cibler les Etats membres de la coalition", écrit Amak, en référence à la coalition menée par les Etats-Unis contre l'EI en Syrie.

L'EI, dans un nouveau communiqué diffusé samedi, s'attribue la responsabilité des deux attaques menées "en réponse aux appels à cibler les Etats de la coalition".

Plusieurs centaines de soldats espagnols sont en Irak, engagés dans des missions de formation des forces locales.

(Adrian Croft et Julien Toyer; Henri-Pierre André pour le service français)