Tokyo (awp/afp) - La Banque du Japon (BoJ) a maintenu inchangée sa politique monétaire jeudi, sur fond de modeste embellie de la troisième économie mondiale, quelques heures après un tour de vis monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed).

La Fed vient de relever ses taux directeurs, un signe de confiance qui doit en théorie doper le dollar face au yen et donc avantager les groupes exportateurs japonais.

Ce statu quo est conforme aux attentes des 41 économistes sondés par l'agence Bloomberg.

La BoJ, qui avait relevé fin janvier ses prévisions, bénéficie d'une amélioration de la conjoncture extérieure qui a redonné du tonus aux exportations.

Le Japon a ainsi affiché une croissance continue en 2016, un fait inédit depuis 2013 et, si le Produit intérieur brut (PIB) augmente de nouveau au premier trimestre 2017, il s'agira de la plus longue série positive en une décennie.

Autre bonne nouvelle pour la Banque du Japon, qui oeuvre dans le cadre de la stratégie "abenomics" lancée fin 2012 par le gouvernement de Shinzo Abe, les prix à la consommation ont rebondi en janvier, première hausse depuis décembre 2015.

"La BoJ a peu de raison de faire plus maintenant, alors que l'économie retrouve de l'élan", avait souligné avant l'annonce Yuki Masujima, analyste de Bloomberg Intelligence. Dans le même temps, "il est trop tôt" pour commencer à durcir la politique: "L'inflation est encore trop loin de la cible de 2%".

Le Japon n'est pas sorti de la déflation, un phénomène pernicieux qui handicape l'économie depuis deux décennies, en conduisant notamment les ménages à reporter leurs dépenses. Les prudentes augmentations salariales annoncées mercredi par plusieurs grandes entreprises, au terme des négociations du printemps entre patrons et syndicats, ne suffiront sans doute pas à changer la donne.

A l'issue d'une réunion de deux jours, les membres du comité de politique monétaire ont reconduit la panoplie de mesures adoptées ces dernières années pour stimuler le crédit et promis de continuer "aussi longtemps que nécessaire" pour atteindre leur objectif de hausse des prix de 2%.

D'une part, ils ont laissé les taux négatifs à -0,1%, soit une pénalité imposée aux banques qui déposent de l'argent dans les coffres de la BoJ, afin de les inciter à prêter aux entreprises et aux particuliers.

De l'autre, ils ont décidé de poursuivre le massif programme de rachats d'actifs -d'environ 80.000 milliards de yens par an (655 milliards d'euros)- en le modulant pour que le taux des obligations d'Etat à 10 ans se situe autour de zéro.

La semaine dernière, la Banque centrale européenne (BCE) avait elle aussi choisi de garder en l'état sa politique très interventionniste, tout en préparant les esprits à un possible resserrement monétaire.

afp/al