Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre (BoE) devrait laisser jeudi sa politique monétaire inchangée, attendant de voir les effets de la première hausse de taux en une décennie décidée en novembre dernier mais un nouveau resserrement se profile au premier semestre.

"Il semble certain que la Banque d'Angleterre va laisser jeudi ses taux d'intérêt à 0,50%, mais l'attention (des observateurs) va se concentrer sur d'éventuels signaux ouvrant la voie à une nouvelle hausse de taux dès le mois de mai", a observé Howard Archer, économiste chez EY ITEM Club.

En effet, "avec des indicateurs qui continuent d'être de bonnes surprises pour le Comité de politique monétaire (CPM) et un gouverneur plus rassuré qu'auparavant sur les progrès des négociations en vu du Brexit et plus optimiste sur les perspectives économiques (du Royaume-Uni), il y a des chances de voir (la BoE) adopter un ton plus confiant dans son rapport trimestriel sur l'inflation" et la croissance du pays, publié en même temps que sa décision monétaire, a estimé Paul Hollingsworth, économiste spécialiste du Royaume-Uni chez Capital Economics.

La croissance britannique s'est établie à 0,5% au quatrième trimestre, soit davantage qu'au troisième trimestre (+0,4%) et plus que prévu par les économistes qui tablaient sur une progression de 0,4% en fin d'année.

Comme l'a laissé entendre le gouverneur Mark Carney à l'occasion d'une audition devant la Commission des finances de la chambre des Lords, l'amélioration des conditions économiques fait que "l'attention (de la banque centrale) se porterait à nouveau plus sur les efforts visant à ramener l'inflation à son niveau cible de 2% de façon pérenne que sur ceux visant à soutenir l'économie", a relevé M. Hollingsworth.

- Resserrement monétaire en mai? -

Et "d'ici au mois de mai, nous pouvons nous attendre à une concrétisation de l'accélération de la hausse des salaires après une longue période d'apathie", a estimé Alan Clarke, analyste chez Scotiabank.

Dans ce contexte, de plus en plus d'observateurs intègrent dans leur prévision deux hausses du taux directeur de la BoE cette année, après la première hausse depuis 2007 décidée en novembre dernier. Ils tablent sur un relèvement de 25 points de base en mai puis un autre du même ordre en novembre, pour coïncider avec la publication de rapport trimestriel sur l'inflation et la croissance.

"Ceci dit, les perspectives de la politique monétaire du Royaume-Uni sont rendues plus difficiles à prévoir par les incertitudes liées au Brexit", a prévenu Jane Foley, analyste chez Rabobank.

La BoE devrait par ailleurs laisser inchangé le montant total de son programme de rachats d'obligations d'État, à 435 milliards de livres (environ 493 milliards d'euros au cours de mercredi).

Ce programme avait été relancé en août 2016, avec le déblocage de 60 milliards de livres supplémentaires sur six mois. La BoE avait annoncé en même temps un programme de 10 milliards de livres de rachats d'obligations d'entreprises, prévu initialement sur 18 mois et épuisé fin avril 2017.

afp/al