par Lisa Twaronite et Leika Kihara

TOKYO, 30 juin (Reuters) - La Bourse de Tokyo a ouvert en hausse mardi matin au lendemain d'une journée où la perspective d'une sortie de la Grèce de la zone euro a provoqué des turbulences sur les marchés financiers, orientés à la baisse en Europe, comme aux Etats-Unis.

L'indice Nikkei, qui avait terminé la veille sur un recul de 2,88%, est repassé dans le vert mardi matin, progressant de 0,32% à l'ouverture. Mais sa progression s'est essoufflée. Une heure après l'ouverture, il ne gagnait plus que 0,17% à 20.144,58 points.

A Sydney, l'indice S&P/ASX 200 qui avait ouvert sur un nouveau recul de 0,51%, progressait de 0,31% après une heure de cotations. La Bourse de Taiwan a cependant ouvert en recul de 0,1%.

"Au total, de nombreux intervenants sur les marchés avaient déjà intégré la probabilité d'un défaut grec. Mais rien ne garantit que cette stabilité va perdurer", estime Kyosuke Suzuki, directeur des changes pour la Société Générale à Tokyo.

L'ouverture en hausse à Tokyo et la progression des contrats à terme américains en Asie, qui gagne environ 0,2%, suggèrent qu'un semblant de stabilité pourrait revenir sur les marchés après le trou d'air de la veille.

Les Bourses européennes et Wall Street ont brutalement reculé lundi, les valeurs bancaires ayant particulièrement souffert après la soudaine aggravation de la crise grecque au cours du week-end.

A Paris, l'indice CAC 40 a perdu 3,74%, sa plus forte baisse en une seule séance depuis le 1er novembre 2011. La Bourse de Francfort a cédé 3,56% et celle de Milan 5,17%.

Wall Street a terminé la séance en recul. L'indice Standard & Poor's 500 a perdu 2,09%, l'indice Dow Jones a abandonné 350,33 points (1,95%) à 17.596,35.

"La propension du gouvernement grec à jouer avec le feu est une proposition dangereuse pour l'Europe et les marchés mondiaux", note Kathy Lien, directrice générale chargée de la stratégie de changes chez BK Asset Management à New York.

RÉSILIENCE DES MARCHÉS

A l'issue du conseil des ministres, le ministre japonais de la Revitalisation économique, Akira Amari, a estimé mardi matin qu'il ne fallait pas sur-estimer les effets de la crise de la dette grecque sur l'économie mondiale en raison de la modestie de l'économie grecque.

"Si les décideurs politiques répondent avec calme, je ne pense pas que la crise de la dette grecque aura un impact sévère sur l'économie globale", a-t-il dit.

Dans une interview que publie mardi le quotidien Les Echos, Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, estime pour sa part que la réaction des marchés a été "relativement modérée" et "montre la résilience de la zone euro à des chocs extérieurs".

Il ajoute que la Banque centrale européenne (BCE) est prête à actionner les instruments à sa disposition pour apaiser les marchés s'ils réagissent fortement en cas d'aggravation de la crise grecque.

"Si des risques survenaient, nous nous tenons prêts à utiliser les instruments dont nous disposons -- le quantitative easing et l'OMT -- et nous nous tenons même prêt à utiliser de nouveaux instruments", affirme-t-il.

Créées en 2012, au plus fort de la crise de la dette dans la zone euro, les opérations monétaires sur titre (OMT) consistent pour la BCE à racheter de la dette souveraine sur le marché secondaire à condition que le pays concerné en fasse la demande et soit lié par un programme d'assistance financière de l'UE.

La BCE n'a encore jamais utilisé cet instrument alors qu'elle a lancé en mars un programme d'assouplissement quantitatif à hauteur de 60 milliards de titres souverains, obligations sécurisées et ABS par mois jusqu'en septembre 2016. (Grégory Blachier et Henri-Pierre André pour le service français)