Pékin (awp/afp) - La Chine a annoncé mercredi se préparer à lever 2 milliards de dollars sur le marché obligataire, sa première émission de dette libellée dans la monnaie américaine depuis 2004 -- peu après l'abaissement de sa note souveraine par deux agences de notation.

La géant asiatique va emprunter à Hong Kong "prochainement" pour 2 milliards de dollars, via des obligations à échéances cinq ans et dix ans, a indiqué le ministère chinois des Finances.

C'est la première fois depuis octobre 2004 que la Chine empruntera en dollars, rappellent plusieurs médias financiers chinois.

L'opération semble essentiellement symbolique, le régime ayant largement la capacité de lever des fonds en yuans sur son territoire -- sans compter de colossales réserves de changes, dépassant 3.000 milliards de dollars et dont la valeur a encore augmenté en septembre pour le 8e mois consécutif.

En revanche, cette émission permettra de tester l'humeur des investisseurs et, surtout, fournira un taux d'emprunt de référence auquel les entreprises chinoises pourront se reporter pour lever leurs propres fonds. En particulier les groupes étatiques en difficulté et assoiffés de financements.

Le bref communiqué du ministère ne livre aucune précision sur les taux d'intérêt attendus. Mais un taux bas, conséquence d'une forte demande de la part des investisseurs, témoignerait de leur confiance envers la solidité du système financier chinois.

Certes, l'agence de notation financière Moody's avait décidé en mai d'abaisser la note de la dette souveraine chinoise, pour la première fois en près de trois décennies, pointant les risques associés à l'explosion du crédit dans la deuxième économie mondiale.

Sa rivale Standard & Poor's lui avait emboîté le pas en septembre pour les mêmes raisons.

Or, de tels abaissements se traduisent habituellement par un renchérissement des taux d'intérêt lors des émissions obligataires, les investisseurs réclamant d'être rémunérés davantage en contrepartie d'un risque accru.

Pour autant, des experts interrogés par l'agence Bloomberg tablent sur un robuste appétit des marchés. Le cabinet CreditSights a de son côté estimé le mois dernier que l'abaissement par S&P aurait "très peu d'impact".

D'ailleurs, le montant emprunté (2 milliards de dollars) paraît modeste: la Chine a déjà émis pour au moins 2.400 milliards de yuans (365 milliards de dollars) de dette sur les neuf premiers mois de l'année, selon les données compilées par Bloomberg.

Mais une émission souveraine réussie à Hong Kong aiderait les groupes étatiques chinois à se financer en dollars à moindre coût en établissant "un taux de référence", insiste Anthony Leung, chercheur de la banque Wells Fargo cité par Bloomberg.

De quoi les aider à financer leurs douloureuses réorganisations ou leurs massifs projets d'infrastructures -- notamment à l'étranger dans le cadre des "Nouvelles routes de la Soie" initiées par Pékin.

afp/lk