Le sénat américain vient d’adopter de justesse le texte qui vise à ramener l’impôt sur les sociétés de 35% à 20 ou 22 %. Les républicains espèrent harmoniser avant Noël la dernière version, pour en faire la première refonte fiscale depuis plus de 30 ans. Elle devra être entérinée par la chambre de représentants avant le 20 janvier prochain, date symbolique du premier anniversaire de l’investiture de Donald Trump. D’un aspect purement économique, la reforme prend un vrai sens politique.
 
L’imprévisible président des Etats-Unis verra son pouvoir se solidifier avec cette baisse des impôts (entreprises et ménages) car elle impacte fortement, de par sa résonnance, la population. D.Trump touche au portefeuille des américains, favorisant par conséquent sa popularité, voire sa légitimité.
 
La réforme fiscale engendre de la confiance. Cette dernière constitue l’élément de base pour les politiques d’investissements des entreprises, elle intervient comme une addition à la reflation américaine. Le gouvernement prend la place de l’institution monétaire, la FED, longtemps pourvoyeur de liquidité afin de favoriser la reprise économique et la relance de l’inflation. Certains observateurs craignaient le risque de surchauffe car la nouvelle politique fiscale intervient en fin de cycle. Néanmoins, ce risque ne s’affirme pas totalement car la croissance actuelle reste raisonnable. Les reprises américaines dans le passé, c’était plutôt entre 4 et 5% de croissance alors que la richesse américaine ne progresse actuellement que de 2 à 2.5%, soit à un rythme beaucoup plus modéré.
 
La situation financière des entreprises américaines s’améliorerait encore, ces dernières possèdent déjà des liquidités massives. Ce cash sert principalement au rachat d’actions, véritable coutume dans le pays. Cette stratégie bonifie les multiples de valorisation mais permet aussi de compenser les émissions importantes de stocks options.
 
Elle aura donc un impact sur les résultats nets des entreprises, ce qui automatiquement valorise le cours des actions de ces dernières. Le S&P500 a engrangé plus de 26% depuis l’élection de Donald Trump. La question, bien entendu, réside dans le fait de savoir si cette avancée fiscale est totalement intégrée dans les cours ou que partiellement, et si elle n’arrive pas au bout d’un cycle économique.
La fin d’un cycle long se définit, la majorité du temps, par des excès sur les salaires, dans l’investissement et dans les stocks. Le tableau de bord de l’économie outre-Atlantique ne met en relief une telle situation excessive.
 
Les promoteurs de la reforme avaient initialement mis en avant que la baisse globale des impôts serait équilibrée par la croissance mais en réalité c’est presque 1000 milliards de dollars qui pourraient venir gonfler le déficit budgétaire déjà très élevé (autour de 20 000 milliards de dollars).
Ce semblant de dumping fiscal pourrait bien traverser l’océan et certains pays européens auraient les moyens de l’appliquer, notamment l’Allemagne qui en baissant également ses impôts viendrait combattre sur le même terrain. La contagion pourrait alors se propager dans les pays en capacité de le faire. Le grand perdant serait sans contestation, la France, dans l’impossibilité économique de suivre ce mouvement.