Il suffit d’écouter les entreprises pour s’en convaincre. L’économie mondiale se définit davantage comme un puzzle de « marchés cibles » (avec une intensité concurrentielle plus ou moins marquée) plutôt que comme un planisphère évoluant au gré des cycles économiques traditionnels, assure Gérard Moulin, gérant Pôle Actions européennes chez Amplegest.

Plutôt que de s'épuiser à courir après des cycles imprévisibles, le gérant préfère écouter les entreprises qui communiquent sur les thèmes du " territoire de chasse " et de " l'intensité concurrentielle " pour définir leur potentiel de croissance dans des marchés saturés ou pas. L'investisseur peut alors appréhender le potentiel d'une entreprise et identifier plus particulièrement les zones géographiques équipées de leurs produits ou services et celles qui restent à conquérir. On peut alors trouver des zones de croissance, y compris dans les pays occidentaux réputés " fatigués ", souligne Gérard Moulin.

"Pour un gérant, cela nous amène à constater une véritable implosion de la classification sectorielle traditionnelle", poursuit-il. Ce dernier prend l'exemple de certains groupes industriels qui réalisent jusqu'à 60% de leur activité dans les services associés à leur production. Chez certains équipementiers automobiles, le chiffres d'affaires 2021 est déjà acquis à près de 85% ! Peut-on alors parler de valeurs cycliques ? Non ! Ils ont simplement réalisé les bons produits et services à destination des zones géographiques adéquates, explique Gérard Moulin.

A contrario, la " cyclicité " des décisions d'une administration de tutelle aura des répercutions bien plus dommageables, comme dans le cas de la FDA aux Etats-Unis pour les mises sur le marché de médicaments. Son bon vouloir transforme les grands groupes pharmaceutiques en sociétés aux résultats aléatoires alors que beaucoup de gérants les considèrent comme des valeurs défensives. On pourrait multiplier les exemples, assure le gérant.

"Nous pouvons en déduire que la taille du " marché cible " d'une entreprise est bien plus importante que l'anticipation de cycles économiques de plus en plus illisibles", résume Gérard Moulin.