Londres (awp/afp) - Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) ont nettement progressé cette semaine, signant tous de nouveaux plus hauts et annulant ainsi rapidement les pertes enregistrées dans le sillage du vote britannique en faveur d'une sortie de l'Union européenne (UE).

"Le Royaume-Uni a créé la surprise la semaine dernière quand il a voté pour quitter l'UE, prenant le contre-pied des marchés financiers, des sondages d'opinion et des bookmakers", ont rappelé les analystes d'UniCredit.

Mais "comparé aux mouvements sur les autres marchés, les métaux de base se sont montrés étonnamment solides", ayant recouvré dès vendredi dernier ou lundi au plus tard les pertes qu'ils avaient accusées après le vote en faveur du Brexit (pour "British Exit") alors que l'aversion au risque semblait regagner peu à peu du terrain sur les marchés mondiaux.

Selon les analystes de Commerzbank, la rapide reprise des métaux industriel s'expliquait notamment par la bonne tenue des marchés boursiers asiatiques, en particulier chinois et japonais, qui dès lundi ont clôturé à nouveau dans le vert, tandis que les Bourses européennes et Wall Street leur ont peu après emboîté le pas.

"La plupart des investisseurs s'attendent clairement à ce que les autorités chinoises prennent des mesures de politique monétaire dans les prochaines semaines dans le but de minimiser les conséquences négatives du Brexit sur l'économie asiatique au sens large", ont précisé les experts de Commerzbank, alors que la Chine est le premier consommateur de métaux de base au monde.

A l'inverse, le Royaume-Uni en lui-même comptant pour moins de 1% de la consommation mondiale de la plupart des métaux de base, les risques engendrés par le Brexit sur ce marché restaient limités, ont estimé les analystes d'Unicredit, même si "en surface, il y a certainement des risques pour la demande de métaux créés par une baisse des dépenses des ménages et particulièrement des dépenses d'investissements".

"Aussi, tout ralentissement économique dont le Royaume-Uni pourrait souffrir aura un impact négligeable sur les équilibres de l'offre et de la demande. Cela contribue à expliquer pourquoi les métaux de base ont fait peu de cas du choc provoqué par le Brexit, au moins jusqu'à présent", ont expliqué les analystes d'UniCredit.

- Le cuivre au plus haut en deux mois -

De leur côté, les cours du cuivre ont, après le vote britannique, enregistré quatre jours consécutifs de hausse cette semaine, avant de reprendre leur souffle ce vendredi.

La tonne de métal rouge est même montée jeudi jusqu'à 4.865 dollars, un plus haut en près de deux mois.

"La consommation de cuivre raffiné du Royaume-Uni est presque négligeable à seulement 23.000 tonnes en 2015, donc il n'est peut-être pas surprenant que le choc du Brexit ait été largement ignoré" pour l'heure par le métal rouge, ont souligné les analystes d'UniCredit.

Ces derniers ont ainsi fait remarquer les prix du cuivre avaient fini en baisse de moins de 2% vendredi dernier, dans le sillage du référendum britannique, et s'étaient raffermis depuis.

Pour les experts de Commerzbank, la hausse du métal rouge était en grande partie imputable aux investisseurs financiers spéculatifs, qui après s'être clairement désengagés du cuivre dans la première moitié du mois, ont repris des positions longues nettes (qui signifient que les investisseurs sont en position acheteuse, NDLR) la semaine dernière.

- L'aluminium impassible malgré le Brexit -

Les cours de l'aluminium sont également restés peu affectés par le vote britannique en faveur d'une sortie de l'Union européenne, progressant nettement au cours de la semaine, jusqu'à atteindre vendredi 1.664 dollars, un maximum depuis début mai.

"L'aluminium continue de s'échanger au-dessus du niveau des 1.600 dollars la tonne, malgré la tourmente (qui a frappé) les autres marchés financiers" dans le sillage du Brexit, ont fait remarquer les analystes d'UniCredit.

Mais comme pour le cuivre, ces derniers soulignaient que la consommation d'aluminium du Royaume-Uni était marginale, le pays ayant affiché une demande pour l'aluminium (de première fusion) de 270.000 tonnes en 2015, loin derrière l'Allemagne (2,1 millions de tonnes), l'Italie, la France ou encore l'Espagne.

"De notre point de vue toutefois, des prix au-dessus de 1.600 dollars ne peuvent pas être longtemps justifiés étant donné que le marché mondial de l'aluminium est vraiment amplement fourni", ont averti les analystes de Commerzbank.

De son côté, la tonne de plomb a atteint vendredi 1.828 dollars, un plus haut en plus de trois mois tandis que la tonne d'étain a progressé le même jour jusqu'à 17.450 dollars, un maximum en sept semaines.

La tonne de nickel a grimpé pour sa part vendredi jusqu'à 9.595 dollars, au plus haut en près de trois mois alors que la tonne de zinc est montée le même jour jusqu'à 2.128,50 dollars, un sommet en plus d'un an.

Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 4.812 dollars vendredi à 12H10 GMT contre 4.664 dollars le vendredi précédent à 11H20 GMT.

L'aluminium valait 1.658 dollars la tonne, contre 1.608 dollars.

Le plomb valait 1.825 dollars la tonne, contre 1.695 dollars.

L'étain valait 17.360 dollars la tonne, contre 16.945 dollars.

Le nickel valait 9.590 dollars la tonne, contre 8.935 dollars.

Le zinc valait 2.121 dollars la tonne, contre 1.990 dollars.

jra/mml