* Premier excédent budgétaire en 21 ans, l'année dernière

* L'excédent primaire à 3,9% du PIB

* L'excédent primaire au sens du plan d'aide à 4,19% du PIB

* Le FMI félicite Athènes, veut des garanties à moyen terme (actualisé avec commentaires du FMI)

ATHENES/WASHINGTON, 21 avril (Reuters) - La Grèce a nettement dépassé l'an dernier les exigences de ses créanciers internationaux en matière de finances publiques, montrent vendredi les chiffres officiels, en dégageant son premier excédent budgétaire en 21 ans, hors service de la dette.

L'excédent budgétaire primaire réalisé en 2016 par la Grèce est près de huit fois supérieur à l'objectif qui lui avait été assigné par ses créanciers, l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI).

Le FMI a salué vendredi la performance fiscale d'Athènes l'année dernière mais a dit qu'il avait encore besoin de clarification de la part des gouvernements de la zone euro sur l'allègement de dette que la Grèce peut espérer avant de s'engager dans le plan de renflouement actuel du pays.

"Les chiffres qui ont été publiés ce matin sont bien supérieurs à ce que nous avions prévu, à ce que tout le monde avait prévu", a déclaré Paul Thomsen, le responsable pour l'Europe du FMI qui a insisté sur la nécessité pour la Grèce de maintenir ses performances économiques à moyen terme.

Les chiffres publiés par l'institut grec de la statistique Elstat, qui doivent être confirmés lundi par l'UE, montrent un excédent primaire, soit hors service de la dette, de 3,9% du produit intérieur brut (PIB) l'an passé après un déficit de 2,3% (donnée révisée) en 2015.

Ces chiffres ont été calculés suivant le Système européen des comptes nationaux et régionaux (SEC 2010), qui diffère de la méthodologie utilisée pour le programme de renflouement de la Grèce. Selon les normes UE-FMI, l'excédent est encore plus important.

Le porte-parole du gouvernement, Dimitris Tzanakopoulos, estime que l'excédent budgétaire primaire au sens du programme de renflouement de la Grèce, a atteint 4,19% du PIB contre un objectif de 0,5%.

"C'est plus de huit fois au-dessus de l'objectif", a-t-il dit dans un communiqué. "Donc, les objectifs fixés dans le cadre du programme de sauvetage pour 2017 et 2018 seront certainement atteints."

"DISCUSSIONS CONSTRUCTIVES"

Le plan de sauvetage de la Grèce, le troisième depuis le déclenchement de la crise de la dette il y a sept ans, s'achève en 2018 et le deuxième examen des progrès accomplis sur les réformes a traîné des mois durant, essentiellement en raison d'un désaccord entre l'Union européenne et le FMI sur les objectifs budgétaires.

Le FMI, qui a émis des réserves sur les objectifs élevés d'excédent primaire assignés à la Grèce, doit encore se prononcer sur sa participation au financement de l'actuel plan de sauvetage. L'Allemagne souhaite une telle participation pour pouvoir débloquer de nouvelles aides.

Paul Thomsen a insisté sur le fait que le FMI était moins préoccupé par la capacité d'Athènes à atteindre les objectifs qui lui ont été fixés maintenant que par le maintien de ses performances économiques à moyen terme.

"La question, ce n'est pas les objectifs mais la crédibilité du maintien des objectifs à moyen terme avec une économie en croissance dans le même temps", a-t-il dit.

Les missions de l'UE et du FMI retourneront à Athènes le 25 avril pour finaliser un ensemble de réformes que la Grèce a accepté de mettre en oeuvre pour convaincre le FMI de participer financièrement à son plan de sauvetage en cours.

Le Fonds souhaite en particulier savoir sur quelle durée les gouvernements de la zone euro s'attendent à ce qu'Athènes dégage un excédent primaire de 3,5% du PIB et quel allègement de dette la Grèce peut espérer après 2018.

"Nous ne ferons pas de versement sans avoir un accord sur les politiques et sur une stratégie crédible sur la dette", a prévenu Thomsen.

Athènes espère évoquer la participation du Fonds, son avenir post-renflouement et les perspectives d'un allègement de sa dette en marge des assemblées générales de printemps du FMI et de la Banque mondiale cette semaine à Washington.

L'excédent primaire dégagé en 2016 par la Grèce pourrait amener le Fonds à revoir certaines de ses projections sur le pays.

Après avoir rencontré à Washington le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a déclaré: "Nous avons eu des discussions constructives en vue du retour de la mission pour discuter des deux étapes du programme grec: les politiques et l'allègement de la dette."

Selon Elstat, l'excédent global, en intégrant les remboursements de la dette, a atteint 0,7% du PIB contre un déficit de 5,9% en 2015.

Les analystes expliquent ce résultat par la mise en oeuvre des mesures du plan de sauvetage et des efforts accrus pour améliorer le système de collecte des impôts et taxes.

"L'excédent primaire constitue une performance exceptionnelle par rapport à l'objectif du programme de sauvetage", a dit Platon Monokroussos, économiste en chef d'Eurobank, à Athènes.

"Les données suggèrent que l'objectif budgétaire de 2017 dans le cadre du programme de sauvetage est tout à fait réalisable dans le contexte du scénario macroéconomique actuel", ajoute-t-il.

Athènes vise un excédent primaire de 1,75% du PIB cette année. (Renee Maltezou, Angeliki Koutantou, Marc Jones et Jan Strupczewski, Wilfrid Exbrayat, Claude Chendjou et Marc Joanny pour le service français)