NASH Zealand MASH Seeland

La communication de Zealand Pharma hier m'a appris deux choses, en plus du fait que la société est probablement l'une des biotechs les plus prometteuses en Europe. D'abord, le terme Zealand est trompeur. Ensuite, la NASH s'appelle maintenant la MASH (rien à voir avec MASH).

Pour mémoire, Zealand Pharma, c'est "l'autre" pharma danoise qui a le vent en poupe, et qui s'est envolée de 35% hier, après de bonnes nouvelles pour le survodutide, le traitement codéveloppé avec Boehringer Ingelheim pour la perte de poids. Pour autant, ce n'est pas dans ce domaine que le candidat-médicament a brillé, mais dans la stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique, qu'on appelle la MASH (c'est le nouveau nom de la NASH, suite à la recommandation de plusieurs organismes de changer le nom de la stéatohépatite non alcoolique en stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique). Le marché a salué le fait que le médicament semble avoir un champ d'action plus vaste.

AlphaValue rappelle que la MASH touche 115 millions de personnes dans le monde et environ un tiers de la population obèse, avec des options thérapeutiques encore faibles. Les résultats obtenus renforcent de surcroît la thématique du remboursement de ces médicaments par les services de santé publics. AlphaValue souligne aussi que le candidat d'Eli Lilly a obtenu ce mois-ci des résultats positifs en phase II pour la MASH, tandis que le semaglutide de Novo Nordisk fait l'objet d'une étude de phase avancée pour cette pathologie. Zealand Pharma semble donc bien parti pour être le troisième mousquetaire du secteur (à laisser au conditionnel quand même : on reste dans le domaine pharmaceutique, avec ses aléas habituels).

Quant à son patronyme, il fait référence à Sjælland, ou Seeland en allemand, Sélande en français et Zealand en anglais, qui est le nom de la plus grande île du Danemark, celle où vit la majorité de la population danoise, notamment dans la capitale, Copenhague. Seeland est aussi le nom d'une région du canton de Berne, en Suisse, mais encore d'une ville allemande. A ne pas confondre avec Zeelande (Zélande en français), qui est la province la plus occidentale des Pays-Bas. Ni avec la Nouvelle-Zélande (New Zealand), qui pour le coup doit son patronyme à la Zélande néerlandaise, du fait de sa "découverte" en 1642 par un explorateur des Pays-Bas, Abel Tasman. Je pourrais enchaîner sur la Tasmanie mais je vais m'arrêter là. Ah, non : Zeal signifie aussi "zèle" ou "ardeur" en anglais. Du coup ça fait jeu de mot, notamment avec le logo de la société

Est-ce que Casino vaut quelque chose ?

Les chevaux de la spéculation sont lâchés sur Casino. Le titre a repris 70% en deux séances et s'affiche désormais à 0,6805 EUR. Les extrêmes 2024 sont 0,38 EUR (plus bas historique) et 0,70 EUR. Pour renouer avec son pic des 5 dernières années (50 EUR), il faudrait que l'action soit multipliée par 73,5, c’est-à-dire envisager une progression de 7250% environ. Les vieux actionnaires n'ont donc que leurs yeux pour pleurer. Mais pour les nouveaux investisseurs, la question qui se pose est de savoir si le distributeur est à nouveau investissable.

Les repreneurs du groupe pensent que oui, sinon ils n'auraient pas mis un kopek dans l'affaire. Ou plutôt une couronne tchèque, puisque le chef d'orchestre de la reprise est l'inévitable Daniel Kretinsky, l'homme d'affaires tchèque francophile. A notre sens, il faut distinguer deux phases :

  • La période actuelle, qui court jusqu'à la réalisation des principales opérations de levées de fonds dilutives. Cette période sera marquée par une forte volatilité et la dilution colossale que subiront les porteurs d'actions qui seraient positionnés avant les opérations capitalistiques (ils passeront de 100% à 0,3%, avec en cache-misère des BSA exerçables pendant plusieurs années). Pour un panorama synthétique, voici le papier écrit en fin d'année dernière. Pour tous les détails, voilà le contenu intégral du plan.
  • La période suivante, qui permettra à terme de répondre à la question : la reprise de Casino est-elle un succès opérationnel ?

Se positionner avant les opérations de recapitalisation est un pari réservé aux investisseurs aguerris ou plutôt aux amateurs de trading.

Quant à ceux qui seraient tentés de miser sur le redressement ultérieur de Casino pour des raisons fondamentales (force de la marque, foncier, emplacements, marges folles de Monoprix, position de Cdiscount…), il sera bien temps de se poser la question quand les étapes formelles d'assainissement du bilan auront été franchies. Nous ferons probablement un point dans les prochaines semaines sur le futur périmètre et son potentiel, dans un contexte concurrentiel extrêmement tendu en France, où la consolidation n'a jamais vraiment été achevée.