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La 15e Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique se tiendra à Copenhague du 7 au 18 décembre 2009. Les décisions qui s'y prendront consisteront à pénaliser les consommations d'énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel), énergies dont l'usage génère les trois quarts des gaz à effet de serre émis par les activités humaines, cause déterminante du réchauffement et du changement climatiques. Que l'on ne s'y trompe pas : ces mesures constituent un fort potentiel de croissance et de compétitivité pour les entreprises et investisseurs qui sauront en saisir l'opportunité. Plusieurs d'entre eux l'ont déjà anticipée, avec succès.

Comment s'enfoncer dans la crise

Certains considèrent qu'en pleine crise, renchérir la consommation d'énergie ne peut que freiner une activité économique mondiale déjà bien malade. D'autres craignent que des mesures réglementaires complexes ne brident la liberté des entreprises, dégradent encore plus leurs performances. D'autres enfin craignent que des décisions inégalement contraignantes selon les pays ne plombent avant tout la compétitivité des firmes du nord, en particulier face à la concurrence déjà virulente des pays émergents que sont la Chine, le Brésil et l'Inde. Ces atermoiements nient la fatalité, retardent les prises de décisions stratégiques efficaces, pendant que les concurrents anticipent sur le nouvel environnement.

Une attitude plus constructive consiste à relever le défi du changement, à considérer la nouvelle donne comme une opportunité stratégique. Les entreprises qui saisissent les nouvelles occasions ouvertes se porteront mieux que les autres. Ce que l'on voit déjà, dans les trois domaines qui seront particulièrement affectés par l'élévation du prix de l'énergie : l'offre d'énergie, les transports, le bâtiment. Les taux de croissance des firmes engagées dans ces secteurs laissent rêveur, en comparaison avec la situation économique générale : +2,4% d'augmentation du PIB mondial en 2008, et recul de 2,2% de ce même PIB prévu en 2009 (-4,3% pour les seuls pays de l'OCDE).

Une nouvelle offre énergétique

Charbon, pétrole et gaz naturel émettent l'essentiel des gaz à effet de serre contribuant au réchauffement climatique : ils coûteront désormais plus cher. Leur place va donc se contracter pour laisser un meilleur positionnement aux énergies nouvelles, secteur en pleine expansion. L'allemand Q-Cells, numéro un mondial des cellules solaires, accroît son chiffre d'affaires de 46% en un an, à 1,3 milliard d'euros en 2008. Son homologue américain, First Solar, augmente ses ventes de 18% par an en moyenne au cours des cinq dernières années. Le premier fabricant mondial d'éoliennes, le danois Vestas, voit son chiffre d'affaires s'élever de 20% à 7,2 milliards d'euros en 2008. Et EDF Energies Nouvelles annonce une augmentation de 34% de ses activités au premier semestre 2009.
De telles performances attirent de nouveaux entrants qui réorientent leurs activités. Ainsi, le pétrolier Total crée deux filiales dans le solaire, l'une avec GDF Suez (Photovoltech) et l'autre avec EDF (Tenesol) ; Saint Gobain Solar est lancée en janvier 2009. L'équipementier automobile allemand Bosch s'engage dans le solaire, le coréen Daewoo Shipbuilding and Marine Engineering s'implique dans la fabrication d'éoliennes, de même que le fabricant suédois de roulements à billes SKF.

Une nouvelle organisation, architecture et conduite des réseaux de distribution d'électricité, appelée smart grids, permet une réduction sensible des pertes en ligne ; elle constitue un potentiel d'investissement prometteur dans les équipements de mesure et dans la gestion informatisée des réseaux. Schneider Electric, bien placé dans la fourniture d'automatismes et contrôles, voit ses ventes augmenter de 26% à 17,3 milliards d'euros en 2008, en concurrence avec l'allemand Siemens. Et dans la gestion informatisée des réseaux électriques, la SSII française Atos Origin emporte le premier grand marché de l'hexagone, ce qui lui permettra d'améliorer encore des performances déjà enviables (+5,6% de son activité).

Une nouvelle dynamique dans les transports

Les ventes de voitures particulières ont reculé de 2,2% dans le monde, en 2008. Les constructeurs qui tirent leur épingle du jeu sont tout particulièrement ceux qui proposent des véhicules propres, économes en énergie. Le classement annuel des véhicules les moins polluants publié par le Verkehrsclub Deutschland, en tête duquel la Toyota Prius caracole allègrement, avec des émissions de seulement 89 grammes de CO² par kilomètre, ressemble fort au classement des constructeurs les plus performants : asiatiques et allemands dominent.

Un autre domaine de croissance est constitué par les transports ferroviaires urbains et interurbains : Alstom (dont les ventes s'accroissent de 11% en 2008), en étroite concurrence avec le canadien Bombardier (+12,3% de chiffre d'affaires à 19,7 milliards de dollars) et l'allemand Siemens, figurent parmi les premiers constructeurs de matériel ferroviaire roulant : tramways, métros, trains régionaux et de banlieue, TGV. Par ailleurs, les entreprises de travaux publics tels Eurovia (filiale de Vinci, avec un chiffre d'affaires en croissance de 6,2%) emportent à l'échelle mondiale des chantiers d'installation ou de gestion d'infrastructures ferroviaires urbaines et interurbaines.

Le bâtiment

Le Boston Consulting Group estime que les mesures du Grenelle de l'environnement permettront de créer quelque 100 000 emplois durables dans le bâtiment, en France, grâce à l'isolation et aux nouvelles techniques et matériaux de construction, soit un chiffre d'affaires annuel additionnel de 15 milliards d'euros environ. C'est là encore un énorme potentiel de croissance pour Saint Gobain par exemple, dont le pôle matériaux innovants accroît ses ventes de 9,2 % en deux ans, malgré la profonde crise immobilière nord américaine. Dalkia (+8,7% de chiffre d'affaires), filiale de Veolia spécialisée dans la gestion de réseaux d'énergie et de chaleur, dispose aussi dans ce secteur du bâtiment d'un énorme potentiel d'expansion.

Un retour à des valeurs sûres

Une nouvelle donne s'impose désormais : la hausse probable, consistante et irréversible du prix des énergies fossiles. Les entreprises qui prennent en compte dans leur stratégie cette nouvelle donne sont susceptibles d'améliorer leur compétitivité plus rapidement que leurs concurrents. On remarque que c'est la voie empruntée par plusieurs Fonds Souverains détenus par des pays exportateurs de pétrole. Après avoir connu des déboires en s'engageant dans des placements spéculatifs financiers ou immobiliers, ils investissent désormais dans l'industrie : Abu Dhabi Investment Authority détient 9% du capital de Daimler et travaille au développement du véhicule électrique ; Qatar Investment Authority vient d'acheter près de 20% du groupe Volkswagen-Porsche. Un retour à des placements sûrs dans l'industrie manufacturière ?

- 01 Septembre 2009 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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