Londres (awp/afp) - Le gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE) Mark Carney a estimé mardi que le moment de relever les taux d'intérêt de l'institution n'était pas encore venu, dans un discours prononcé devant la communauté financière de Londres.

"De mon point de vue, étant donné les signaux contradictoires sur les dépenses de consommation et les investissements des entreprises, et du fait de pressions inflationnistes internes au pays restent ternes, avec en particulier une croissance des salaires anémiée, maintenant n'est pas le moment de débuter cet ajustement", c'est-à-dire le resserrement des taux d'intérêt, a estimé M. Carney.

La semaine dernière, la banque centrale britannique avait maintenu son taux directeur au niveau historiquement bas auquel il est fixé depuis août 2016, quand il avait été abaissé par une institution soucieuse de l'impact sur l'économie de vote des Britanniques fin juin en faveur d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE), décision qui avait fait dégringoler la livre britannique.

Mais pour la première fois depuis mai 2011, trois voix, sur les huit que compte actuellement le Comité de politique monétaire (CPM) de la BoE, se sont prononcées pour une hausse de taux, de 0,25 point de pourcentage, une décision à laquelle M. Carney a fait allusion mardi.

Ces dissensions avaient permis à la livre de se reprendre un peu, mais elle souffrait de nouveau mardi des commentaires du gouverneur, jugés prudents par des analystes.

"Différents membres du CPM auront tout naturellement des points de vues différents sur les perspectives (de l'économie britannique, NDLR) et ainsi sur le calendrier possible d'une hausse des taux", a déclaré M. Carney.

"Mais tous s'attendent à ce que tout changement soit restreint et à un rythme progressif", a précisé M. Carney dans un discours qu'il aurait dû prononcer jeudi lors du traditionnel dîner de la City de Londres annulé après le dramatique incendie d'une tour d'habitation à Londres.

De son point de vue personnel, il a prévenu qu'il souhaite voir dans quelle mesure la faiblesse de la consommation est compensée dans les mois à venir par d'autres éléments de la demande, si la hausse des salaires commence à se renforcer et "de façon plus générale, comment l'économie va réagir à la perspective de conditions financières plus tendues et à la réalité des négociations du Brexit".

"Pendant la période de négociations, l'économie va subir une influence importante des attentes des ménages, des entreprises et des marchés financiers sur la nature à la fois de la transition et des relations économiques à plus long terme avec l'UE et d'autres pays", a-t-il prévenu.

Mais pour M. Carney, le chemin économique que prendra le Brexit sera "bientôt" connu.

Les négociations du Brexit ont démarré lundi et doivent durer deux ans.

afp/al