par Andreas Rinke et Madeline Chambers

BERLIN, 25 février (Reuters) - Angela Merkel doit présenter dimanche aux membres de son parti, l'Union chrétienne démocrate (CDU), six membres de son gouvernement de coalition, avec la promotion de son plus farouche adversaire Jens Spahn qui récupère le ministère de la Santé, selon des sources partisanes.

Affaiblie depuis les législatives de septembre et après des mois de négociations infructueuses avec les libéraux du FDP et les Écologistes, la chancelière doit faire taire les critiques au sein de son propre camp.

La CDU doit se prononcer par un vote sur l'accord de gouvernement, lundi.

Jens Spahn, 37 ans, qui incarne l'aide droite de la CDU, devrait passer de vice-ministre des Finances, poste qu'il occupait depuis 2015, à ministre de la Santé, indiquent plusieurs sources au sein du parti conservateur.

Si cette promotion est présentée comme une réponse aux demandes d'un rajeunissement des cadres et de la direction de la CDU, elle traduit en réalité l'affaiblissement de Merkel contrainte de ressusciter la "grande coalition" avec les sociaux démocrates du SPD.

Ces derniers, qui ont eux aussi atteint un plus bas historique en septembre, étaient tentés de retourner dans l'opposition et de mettre fin à l'expérience de partage du pouvoir entre 2013 et 2017.

La nomination de Spahn peut être également comprise comme un moyen pour la chef du gouvernement de proposer une trêve à son plus fervent adversaire au sein de la CDU, particulièrement critique sur la question de la politique migratoire.

Selon des sources partisanes, Angela Merkel devrait confier l'Economie à son fidèle allié Peter Altmaier tandis qu'Ursula von der Leyen devrait conserver le ministère de la Défense.

La patronne de la CDU dans le Land de Rhénanie-Palatinat, Julia Klöckner, devrait obtenir le portefeuille de l'Agriculture.

Anja Karliczek, 46 ans, récupère l'Education tandis que Helge Braun, 45 ans, serait promue comme secrétaire générale de la chancellerie, précise-t-on de même source.

Après 12 années à la tête du gouvernement et 18 à la tête de la CDU, Angela Merkel voit son autorité contestée en interne, des voix s'élevant pour s'alarmer de la poussée de l'extrême droite, Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui attire des électeurs conservateurs déçus.

La CDU a enregistré aux législatives son plus mauvais résultat électoral au niveau national depuis 1949 et la création de la république fédérale.

Certains dirigeants du parti souhaitent une réorientation de la politique à droite afin de ramener dans son giron les électeurs partis grossir les rangs de l'AfD.

"Parfois le caractère conservateur du bloc conservateur pourrait être plus affirmé", a commenté Daniel Günther, chef de file de la CDU dans le Land du Schleswig-Holstein.

(Pierre Sérisier pour le service français)