par Rodrigo Campos et Chuck Mikolajczak

NEW YORK, 26 mars (Reuters) - Contrairement aux craintes de nombreux investisseurs, l'échec subi vendredi par le président américain Donald Trump sur l'abrogation de l'Obamacare n'a pas été fatal à l'élan haussier qui pousse Wall Street depuis la victoire du candidat républicain à l'élection présidentielle du 8 novembre.

Mais pour que le "Trump Trade" puisse continuer, il faut que l'homme d'affaires devenu président tempère les anticipations des acteurs de marché concernant l'ampleur de la baisse des impôts, une des promesses phares du magnat immobilier, comme d'ailleurs celle de remplacer le système de couverture santé mis en place par son prédécesseur.

La perspective de voir Donald Trump ne pas réussir à faire voter son projet de réforme de l'assurance maladie s'est traduite, mardi, par la plus forte baisse en un jour de Wall Street depuis le 8 novembre.

Et, avec des baisses de 1,5% pour le Dow Jones, de 1,4% pour le S&P 500 et de 1,2% pour le Nasdaq Composite, les trois principaux indices de Wall Street ont accusé la semaine dernière leur recul hebdomadaire le plus marqué depuis le début de l'année.

Malgré ce repli, le S&P 500, indice de référence des gérants de fonds, est encore en hausse de 9,6% depuis le cours de clôture du 8 novembre, porté par les promesses de Donald Trump de baisses des impôts, de dérégulation et de relance via des travaux d'infrastructure.

Selon les investisseurs, si l'administration Trump tire les leçons de son échec à la Chambre des représentants concernant l'Obamacare, elle sera peut-être mieux à même de définir une réforme fiscale acceptable pour le Congrès, ce qui justifiera a posteriori une partie du "rallye" de Wall Street.

Comme il l'a dit lui-même après avoir pris acte de sa défaite sur l'assurance maladie, Donald Trump a dit qu'il allait se concentrer sur la réforme fiscale.

"Les investisseurs pensent que (l'échec sur l'Obamacare) augmente les probabilités d'une baisse des impôts en cours d'année étant donné que Donald Trump semble adopter une posture plus stratégique", a dit Paul Zemsky, chargé des investissements chez Voya Investment Management.

UNE RÉFORME FISCALE AU RABAIS

Durant sa campagne, Donald Trump s'était engagé à ramener le taux de l'impôt sur les sociétés de 35% à 15%. Afin que cette mesure reste neutre du point de vue du budget de l'Etat fédéral, la nouvelle administration avait compté sur les économies que devait induire la réforme de l'assurance maladie

"Si on veut quelque chose avant l'interruption des travaux du Congrès en août, on se dirige peut-être vers une réforme fiscale au rabais", a déclaré Art Hogan, chargé de la stratégie marchés chez Wunderlich Securities.

"Si on arrive à un taux de l'impôt sur les sociétés compris entre 25% et 30%, on est loin du taux de 15% promis pendant la campagne électorale et celui de 20% actuellement retenu dans le plan préparé par la Chambre des représentants. Mais je pense que nous finirons avec cette fourchette."

"Ce n'est pas un élément négatif, mais ce n'est pas autant que ces les intervenants de marché ont inscrit dans les cours", a poursuivi Art Hogan, notant que les actions étaient de ce fait vulnérables à toute annonce inférieure aux anticipations sur la fiscalité des entreprises.

Au-delà de pari fait par les investisseurs sur le programme de Donald Trump, certains acteurs de marché soulignent que le niveau très élevé de la valorisation du marché actions s'explique également par l'amélioration de la conjoncture économique mondiale et par des anticipations d'une hausse à deux chiffres des bénéfices des entreprises.

UN PER DU S&P 500 AU PLUS HAUT DEPUIS 2004

"Bien sûr, il y a eu de la poudre Trump saupoudrée sur ce rallye. Mais ceci étant dit, les fondamentaux se portent beaucoup mieux", a déclaré Alan Gayle, chargé de l'allocation d'actifs chez RidgeWorth Investments.

L'activité du secteur privé dans la zone euro a accéléré à la fin du premier trimestre au point de connaître sa plus forte progression en près de six ans en mars pour répondre à l'essor de la demande malgré une hausse des prix, montrent les indices PMI publiés vendredi dans leur version préliminaire.

En février, l'indice de confiance du consommateur aux Etats-Unis a atteint un pic de près de 16 ans.

Selon des données Thomson Reuters, les bénéfices des entreprises devraient augmenter de plus de 10% au premier trimestre. La nouvelle saison des résultats commencera dans trois semaines aux Etats-Unis.

Si ces résultats ressortent à un niveau inférieur aux attentes, les actions pourraient à nouveau vues comme étant trop chères et prendre le chemin de la baisse.

L'indice S&P 500 est actuellement valorisé 18 fois les bénéfices attendus, soit un pic depuis 2004, contre une moyenne de long terme de 15. (Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par)