Paris (awp/afp) - C'est une trêve estivale qui n'en porte que le nom: la Bourse de Paris, comme ses voisines européennes, devrait rester attentive à la géopolitique la semaine prochaine, les tensions entre Washington et Pyongyang dictant la tendance.

Les investisseurs seront pendus aux lèvres des dirigeants américain et nord-coréen, dont chaque déclaration exacerbe les tensions diplomatiques, inquiétant par effet de contagion des marchés boursiers qui se préparaient pourtant à entrer en douceur dans la torpeur de l'été.

Alors que la Corée du Nord a menacé ouvertement le territoire américain de Guam, dans le Pacifique, le président américain Donald Trump a promis de son côté "le feu et la colère" à Pyongyang.

"Nous avons des dirigeants américain et nord-coréen qui ont des propos très agressifs, et vont dans l'escalade verbale. Il y a une remontée de l'aversion au risque qui peut durer", souligne auprès de l'AFP Xavier Chapon, directeur de la gestion chez AAIS.

Ces considérations seront d'autant plus prégnantes que le reste de l'actualité sera maigre, la saison des publications d'entreprises égrenant ses derniers résultats. Lundi, l'énergéticien RWE sera le dernier poids lourd du Dax à dévoiler ses chiffres pour le deuxième trimestre.

Quelques statistiques occuperont également les marchés, dont la première estimation de croissance en Allemagne. Après une hausse de 0,6% au premier trimestre, le Produit intérieur brut de la première économie européenne devrait encore progresser de 0,7% au deuxième trimestre, selon un consensus d'analystes du fournisseur de services financiers FactSet.

- Le rouge domine -

"A court terme, les facteurs de risques tels qu'un euro plus fort, les inquiétudes concernant l'industrie automobile allemande (liées aux scandales du diesel, NDLR) et la crise nord-coréenne vont continuer de faire pression sur le Dax", commente Andreas Hürkamp, analyste à la Commerzbank, qui estime que l'indice pourrait poursuivre sa consolidation jusqu'à un plancher de 11.500 points.

Le Royaume-Uni aura également quelques indicateurs clefs à son agenda, dont l'inflation et les ventes au détail, particulièrement suivies alors que l'essoufflement de la consommation des ménages explique en grande partie le ralentissement de la croissance depuis le début de l'année.

Les consommateurs voient leur pouvoir d'achat s'éroder face à l'accélération de la hausse des prix, la baisse de la livre renchérissant le coût des biens importés. Toute mauvaise nouvelle concernant la consommation augurerait mal de l'activité au troisième trimestre, au moment où le flou entourant les négociations sur le Brexit commence sérieusement à affecter l'investissement des entreprises.

Faute de moteur majeur et dans un contexte difficile, les marchés pourraient donc avoir des difficultés à quitter leur tendance terne de la semaine écoulée.

Le rouge a en effet prédominé sur les Bourses, toute velléité d'enthousiasme étant stoppée net. Ainsi, Londres s'est arrêtée à quelques points de son sommet historique en clôture avant d'être rattrapée par les inquiétudes géopolitiques, tandis que le Dax et le CAC 40 sont redescendus à leurs niveaux du mois d'avril.

"Il y a eu des baisses significatives des différents marchés, quels que soient les secteurs et les zones géographiques. Dans une période où il y a peu d'intervenants, les vendeurs sont plus remarqués que les autres", analyse M. Chapon.

Les quelques statistiques publiées lors de la semaine n'ont pas suffi à contrecarrer cette tendance. L'inflation mensuelle aux Etats-Unis, un indicateur clef, s'est ainsi légèrement accélérée en juillet, mais à un niveau inférieur aux attentes. Au coeur de l'été, la morosité restait décidément de mise.

afp/rp