par Susan Cornwell et Howard Schneider

WASHINGTON, 21 janvier (Reuters) - Les discussions ont repris dimanche à Washington où le chef de file de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell, entend travailler "aussi longtemps qu'il le faudra" pour sortir de l'impasse du "shutdown" dans lequel se trouve le gouvernement fédéral depuis vendredi minuit.

Un an jour pour jour après l'investiture de Donald Trump à la Maison blanche, et pour la première fois depuis octobre 2013, le gouvernement fédéral américain est officiellement à court d'argent, faute d'accord entre républicains et démocrates sur une prolongation des financements.

Plusieurs centaines de milliers d'agents fédéraux ont été de fait mis en congé d'office sans salaire, et des agences et institutions fédérales, dont l'emblématique statue de la Liberté à New York, ont été fermées.

Alors que la Chambre des représentants avait adopté jeudi une proposition de loi visant à prolonger le financement du gouvernement fédéral jusqu'au 16 février, et éviter ainsi cette fermeture partielle, il a manqué dix voix au Sénat pour que le texte passe vendredi.

Un nouveau vote sur une prolongation réduite des financements fédéraux, jusqu'au 8 février seulement, pourrait intervenir au Sénat dans la nuit de dimanche à lundi, à 01h00 (lundi 06h00 GMT), voire plus tôt si les démocrates l'acceptent, a dit Mitch McConnell.

Si cette proposition passe au Sénat, Paul Ryan, le président républicain de la Chambre des représentants, a déclaré dimanche que la chambre basse du Congrès serait prête à l'entériner.

"Nous nous sommes mis d'accord pour accepter cela à la Chambre", a-t-il dit sur CBS. "Nous verrons donc aujourd'hui (dimanche) s'ils ont ou non les voix nécessaires au Sénat."

Mitch McConnell et Chuck Schumer, président du groupe démocrate au Sénat, ont fait savoir qu'ils devraient s'entretenir de la crise dans la journée.

A ce stade cependant, un déblocage semble improbable: les règles en vigueur prévoient une "super majorité" de 60 voix pour que le Sénat, où siègent 100 élus, passe outre les possibles blocages et adopte un texte lié aux questions budgétaires. Le Parti républicain ne dispose que de 51 élus au Sénat.

Dimanche sur Twitter, Donald Trump, fragilisé par ce revers, a suggéré en cas de poursuite du blocage de supprimer cette règle et de passer à la majorité simple. Mais cette "option nucléaire" a été presque aussitôt rejetée par Mitch McConnell et les républicains.

ACCUSATIONS CROISÉES

Les démocrates insistent pour que tout texte prolongeant le financement des dépenses à court terme de l'administration fédérale inclue une protection pour les jeunes migrants clandestins qui bénéficient pour quelques semaines encore d'un programme mis en place par Barack Obama.

En vertu de ce programme Daca (Deferred Action for Childhood Arrivals), instauré en 2012, près de 700.000 jeunes gens, connus sous le nom de "Dreamers", entrés illégalement sur le territoire américain avec leurs parents, sont protégés de toute expulsion des Etats-Unis et autorisés à travailler légalement.

Mais, en septembre dernier, Donald Trump a annoncé la suppression du Daca à compter du mois de mars.

Cette année étant une année électorale, avec renouvellement de la totalité des sièges de la Chambre des représentants et d'un tiers des sénateurs en novembre prochain, démocrates et républicains s'appliquent à tenter de convaincre l'opinion que la responsabilité de ce "shutdown" incombe au camp adversaire.

"J'espère que cela ne sera qu'une question d'heures ou de jours. Mais il nous faut une réponse substantielle, et la seule personne qui puisse nous mener à cela, c'est le président Trump. C'est son shutdown", a affirmé Dick Durbin, le numéro 2 du groupe démocrate au Sénat, sur CBS.

Côté républicain, on pointe un "chantage" exercé par les démocrates sur la question des "Dreamers".

"Nous ne rouvrirons pas de négociations sur l'immigration clandestine tant qu'ils ne rouvriront pas le gouvernement et qu'ils ne vous donneront pas à vous, nos soldats, et à vos familles, les prestations et les salaires que vous avez gagnés", a dit le vice-président, Mike Pence, en tournée au Proche-Orient.

(avec Ginger Gibson; Benoît Van Overstraeten et Henri-Pierre André pour le service français)