On va commencer par Tonner Drones, ex Delta Drone, dont le communiqué est disponible ici. Attention, ce contenu contient des scènes choquantes, notamment pour les actionnaires de la société. Tonner Drones a récupéré une coquille cotée pas très pleine pour essayer de la changer en quelque chose de mieux. Pour l'instant, l'entreprise est en tentative de retournement avec un nouveau management, depuis sa reprise par Brad Taylor et Jean-François Ott (que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, mais qui pourrait réveiller des souvenirs à d'autres si je leur dis CPI, MyHotelMatch ou… Orco Property Group). Quand Tonner Drones s'appelait Delta Drones, la société avait écumé toutes sortes de financements dilutifs, pour devenir un puits sans fond (nous avions essayé d'analyser ça ici l'année dernière). Histoire de rompre avec ce système, la nouvelle équipe dirigeante a choisi la voie de l'augmentation de capital. Ce qui ne signifie pas pour autant que les actionnaires qui ont encore foi dans le dossier y trouveront leur compte, d'autant que les promesses de redressement n'engagent que ceux qui les écoutent. Voici une liste non-exhaustive des avantages potentiels des opérations annoncées dans le communiqué, avec le revers de la médaille attaché :

  • La société prévoit de lever 5 M€ et dispose d'engagements de souscription à cette fin. MAIS la levée de fonds est réalisée à 0,025 EUR l'action, soit une décote de 97,2% sur le cours de bourse avant annonce (0,90€). Une décote peu commune qui montre qu'il y a plus de promesses que d'actifs dans le périmètre.
  • Les actionnaires existants bénéficient d'un droit préférentiel de souscription qui leur permet d'avoir une action nouvelle pour 120 anciennes. MAIS un actionnaire qui ne souscrirait pas à l'opération serait dilué de plus de 99% (il le serait de toute façon à minima de 46% à cause des instruments dilutifs existants).
  • Le management a signé un accord pour qu'un pool d'investisseurs rachète les OCA détenues par Yorkville, en se disant opposé aux financement dilutifs. MAIS ces investisseurs participent à l'augmentation de capital susmentionnée par compensation de créances à hauteur de 2,6 M€, soit plus de la moitié du montant prévu. En outre, 0,275 M€ sont ponctionnés sur la levée de fonds serviront à rémunérer ces investisseurs pour les remercier de leur engagement.
  • La levée de fonds va permettre d'étendre la durée de vie de la société. MAIS son endettement restera proche de 6,25 M€ en brut après la restructuration.
  • Le management espère relancer la machine, notamment dans le domaine militaire. MAIS l'exercice 2023 sera cataclysmique (le premier semestre s'était soldé par un chiffre d'affaires de 88 216€ et -8,83 M€ de pertes).

Pour conclure (on dirait ChatGPT), souhaitons bonne chance aux nouveaux dirigeants pour redresser l'entreprise, mais qu'ils se débrouillent avec leurs investisseurs. Tout petit porteur se doit de rester rigoureusement à l'écart de ce genre de dossier.

Autre communiqué qui a attiré notre attention et qui mérite un peu de pédagogie. Hier, AB Science a progressé de 8,4% en clôture, après avoir gagné 15% au meilleur de la journée. Cette envolée a fait suite à la sortie, en pleine séance (13h00), d'un CP annonçant la publication de données sur masitinib dans bioRxiv. A l'attention de tous les boursicoteurs qui investissent dans les biotechs, voici quelques tips de base qui ne nécessitent pas de compétence médicales très poussées :

  • Regardez le stade clinique des annonces. Entre la découverte d'une molécule prometteuse et sa mise sur le marché, il se passe en moyenne un peu moins de quinze ans. Une molécule qui entre en préclinique a 7% de chances en moyenne d'arriver en phase de commercialisation. Ce sont des moyennes qui dépendent largement de la spécialité, mais ça donne une idée des calendriers. L'annonce faite hier par AB Science parle de données sur masitinib obtenues en préclinique.
  • Regardez de quoi il s'agit précisément. AB Science annonce que les données précliniques ont fait l'objet d'une publication sur le service de pré-publications bioRxiv. On est donc dans du préclinique en prépublication, autant dire pas très loin. En outre l''article, qui n'a pas été revu à ce stade par des pairs, a été coécrit par le PDG d'AB Science, Alain Moussy et compte parmi ses co-auteurs Patrick Vermersch, un vétéran du masitinib (par exemple ce communiqué datant de 2011).

Moralité ? Les données annoncées par AB Science présentent de l'intérêt puisqu'elles renforcent la recherche autour du candidat-phare du laboratoire. De là à faire bondir de 15% l'action ? Pas du tout.