Les marchés boursiers occidentaux ont marqué le pas hier, surtout aux Etats-Unis où les investisseurs ont manifestement besoin de digérer après avoir ingurgité des tonnes de valeurs technologiques. Le Nasdaq 100 a cédé 1,8% en clôture, pour sa seconde plus mauvaise séance de l'année après celle du 31 janvier. Apple et Microsoft ont perdu près de 3%, Tesla et Broadcom autour de 4%, pendant qu'Amazon, Meta et Alphabet reculaient aussi, mais dans des proportions moindres. Le marché a toutefois gardé un peu d'appétit pour sa gourmandise préférée, Nvidia, qui est parvenue à gagner 0,9% au milieu du marasme. Le groupe pèse désormais près de 6% de l'ETF chéri de l'Amérique, le QQQ d'Invesco, qui réplique le Nasdaq 100. Il occupe la troisième place du podium derrière Microsoft (8,8%) et Apple (7,7%) et devance Amazon (5,2%).

A propos de classement de gros machins, savez-vous quel était l'Etat américain qui hébergeait le plus de sièges de sociétés il y a 30 ans ? Il s'agissait de New York, avec 19% des sièges des 100 plus grandes entreprises par capitalisation en 1994. J'ai récupéré ces infos dans la dernière étude hebdomadaire de Bank of America sur les marchés mondiaux. La grosse pomme (NYC, pas Apple) était suivie du Texas (15%, spécialité pétrole), de la Californie (9%, la technologie), du New Jersey (8%, proximité avec NYC) et de l'Illinois (7%, grâce aux entreprises de l'automobile). Trente ans plus tard, la Californie est à 40%, Washington (l'Etat, pas la capitale, merci Microsoft et Amazon) est à 15%, New York à 10%, le Texas à 7% et le Nebraska à 3% (merci Berkshire Hathaway). Le pouvoir géographique des Etats-Unis a donc fortement évolué au cours des 30 dernières années, en passant de l'Est à l'Ouest puisque la Californie et l'Etat de Washington regroupent 55% des sièges des plus grosses sociétés américaines. West Coast Power !

Fin de la digression géographique et retour sur les marchés actions hors Etats-Unis. En Europe, les indices ont végété hier, avec un biais légèrement négatif. Le continent attendait la décision de la BCE sur ses taux (jeudi) pendant que le Royaume-Uni patientait jusqu'aux annonces fiscales prévues aujourd'hui. L'accueil plus que tiède réservé hier aux perspectives économiques chinoises pour 2024 n'a incité personne à prendre des risques. Pékin doit faire de nouvelles annonces aujourd'hui, notamment sur la consommation, mais rien n'est encore tombé à l'heure où ces lignes sont écrites. Le sentiment dominant sur les annonces d'hier est "OK, la Chine vise 5% de croissance cette année, mais ça va être compliqué parce que les autorités n'ont pas l'air de savoir comment elles vont faire pour y parvenir, si tant est qu'elles ont envie de faire quelque chose". Les marchés boursiers locaux rebondissent quand même : le MSCI China prend 1,6% et le Hang Seng 2%. Ceci dit la veille, ils ont perdu tous les deux plus de 2%.

Retour aux Etats-Unis pour le gros morceau du jour. La commission des services financiers de la Chambre des représentants des Etats-Unis auditionnera Jerome Powell à partir de 16h00 heure de Paris, dans le cadre du rapport semestriel que le patron de la Fed doit présenter aux parlementaires. C'est important parce que les financiers vont chercher à savoir si les taux d'intérêts peuvent baisser et surtout quand. Même si la bourse flambe en ce moment - bon OK, sauf hier - les investisseurs seraient plus à l'aise si le coût de l'argent baissait. Parce qu'il y en aurait plus d'abord, ce qui ne les gêne que rarement, et parce que cela aiderait à évacuer quelques épées de Damoclès (genre l'immobilier qui se casse la figure, des faillites d'entreprises liées au surendettement et tutti quanti). L'audition qui nous intéresse aujourd'hui se déroule en deux parties. Dans un premier temps, Powell va lire un document qui aura été rendu disponible sur le site de la Fed dès le début de l'intervention. Le marché en a donc connaissance immédiatement. Ensuite, les membres de la commission vont poser leurs questions, ce qui donne généralement lieu à des commentaires moins formels, donc potentiellement plus intéressants. Les spécialistes pensent que le chef de la Réserve fédérale ne fera pas trop varier son discours. En substance, ça donnerait "ça va pas si mal, l'économie tient, l'inflation a l'air de ralentir. Il est urgent de ne rien faire pour le moment, on s'en tient au plan". Le marché n'a pas l'air stressé outre-mesure par cette intervention. La preuve ? Les rendements obligataires américains ont baissé hier. Il serait quand même intéressant de connaître la réaction de Powell à la légère dégradation des indicateurs de dynamisme économique américains visible depuis la semaine dernière. Des indicateurs qui continuent à tomber aujourd'hui avec les enquêtes ADP et JOLTS sur l'emploi, ainsi que les stocks des grossistes. L'agenda macro comprend aussi une décision de la Banque du Canada sur ses taux à 15h45 (un statu quo à 5% est attendu).

Dans le reste de l'actualité, le duel qu'une partie des Américains aimerait éviter, Biden / Trump, a toutes les chances de se reproduire. L'ancien président républicain a laissé des miettes (le Vermont, plus petit Etat en jeu) à sa rivale pour l'investiture Nikki Haley lors du Super Tuesday, une journée riche en primaires outre-Atlantique. Le bitcoin a perdu du terrain après être allé battre son record, tandis que l'or flirte toujours avec ses pics.

En Asie Pacifique, le Japon, l'Australie et Taiwan évoluent en légère hausse. En revanche, l'Inde et le Corée du Sud perdent environ 0,5%. Quant à la Chine, nous en avons déjà parlé. Les indicateurs avancés européens sont légèrement haussiers, en dépit de l'écart de performance de la veille avec Wall Street, qui aurait pu entraîner un retracement baissier.

Le CAC40 recule de 0,2% à 7191 points à l'ouverture. Le SMI est stable à 11 466 points. Le Bel20 gagne 0,2% à 3669 points.

Les temps forts économiques du jour

Aux Etats-Unis, la variation de l'emploi ADP (14h15) précèdera les offres d'emploi JOLTS et les stocks de grossistes (16h00) et les stocks de brut DOE (16h30). Jerome Powell interviendra à 16h00 devant la commission des services financiers de la Chambre des représentants. Tout l'agenda ici.

L'euro se stabilise à 1,085 USD. L'once d'or est ferme à 2125 USD. Le pétrole varie peu, avec un Brent de Mer du Nord à 81,98 USD le baril et un brut léger américain WTI à 77,90 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans recule à 4,15%. Le bitcoin s'échange à 65 651 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABB : Berenberg maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 28 à 35 CHF.
  • Antofagasta : Barclays passe de pondération de marché à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 13.75 GBP à 12.95 GBP. RBC Capital passe de surperformance à performance de secteur avec un objectif de cours réduit de 1800 GBX à 1650 GBX.
  • ASML Holding : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 950 à 1260 EUR.
  • Basic-Fit : Barclays passe de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 35 EUR à 28 EUR.
  • Belimo Holding : HSBC passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 476 CHF à 540 CHF.
  • Cibus Nordic Real Estate : ABG Sundal Collier passe de vendre à conserver avec un objectif de cours relevé de 115 SEK à 120 SEK.
  • Deutsche Bank : Zacks passe de surperformance à neutre avec un objectif de cours réduit de 16,50 USD à 14,50 USD.
  • Euroapi : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 4,50 à 4,20 EUR.
  • IMCD : JP Morgan passe de souspondérer à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 117 à 188 EUR.
  • L'Oréal : Morningstar passe de vendre à conserver avec un objectif de cours relevé de 388 EUR à 400 EUR.
  • Neste Oyj : Stifel démarre le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 44 EUR.
  • Orthex Oyj : Inderes passe d'acheter à accumuler avec un objectif de cours relevé de 6 EUR à 7 EUR.
  • Pernod Ricard : Citigroup maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours réduit de 216 à 205 EUR.
  • Saint-Gobain : Berenberg maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 62 à 68 EUR. Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 80,10 à 85,50 EUR.
  • Schneider Electric : Berenberg maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 205 à 250 EUR. Deutsche Bank dégrade sa recommandation d'achat à conserver avec un objectif de cours de 200 EUR.
  • Straumann Holding : Citigroup maintient sa recommandation de surperformance et relève l'objectif de cours de 140 à 164 CHF.
  • Technip Energies : Redburn Atlantic maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 30,90 à 31,38 EUR.
  • Telefónica Deutschland Holding : Landesbank Baden-Württemberg dégrade de conserver à vendre avec un objectif de cours de 2,35 EUR.
  • Thales : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 158 à 165 EUR. Citigroup reste à neutre avec un objectif de cours relevé de 153 à 154 EUR. JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours relevé de 171 à 175 EUR.
  • TUI AG : Morgan Stanley passe de pondération de marché à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 780 GBX à 850 GBX.
  • UCB : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 117 à 130 EUR. ING Bank maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 114 à 140 EUR.
  • Vat Group : Barclays maintient sa recommandation de souspondérer et relève l'objectif de cours de 278 à 322 CHF. Deutsche Bank maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 320 à 360 CHF.
  • Worldline : HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 16 à 12 EUR. Redburn Atlantic maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 12 EUR à 11,28 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Dassault Aviation publie un bénéfice ajusté en hausse.
  • Scor dégage 812 M€ de bénéfice net en 2023 et propose 1,80 EUR de dividende.
  • Tikehau renforce sa collecte en 2023 et confirme ses objectifs 2026.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le vaste monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres, sauf pour les échanges post-séance aux Etats-Unis, qui reflètent normalement bien la tendance)

  • AIB Group va restituer 1,7 milliard d'euros à ses actionnaires après un bénéfice exceptionnel.
  • CrowdStrike s'envole de 24% hors séance après ses comptes.
  • DHL enregistre une nette baisse de ses bénéfices et se montre prudent. Le dividende est maintenu et le programme de rachat d'actions est renforcé.
  • Indra voit ses bénéfices augmenter grâce à la hausse des dépenses de défense en Europe.
  • Legal & General a l'intention d'augmenter son dividende de 5% pour l'année 2024.
  • Symrise affiche un bénéfice pour 2023 supérieur aux estimations et prévoit une marge de 20% en 2024.
  • Temenos reporte la publication de son rapport annuel au 15 avril.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures