Les responsables de la Réserve fédérale ont convenu que la banque centrale devait s'abstenir de relever les taux d'intérêt tant qu'il n'aura pas été clair que le ralentissement économique récent n'était que momentané, lit-on dans le compte rendu de la réunion de politique monétaire des 2 et 3 mai.

La quasi-totalité des membres du Comité de politique monétaire (Fomc) étaient également d'accord pour commencer à alléger le bilan de la Fed dès cette année, suivant ce document publié mercredi.

L'opinion sur l'orientation à donner aux taux courts, partagée d'une manière générale par les neuf responsables qui disposent du droit de vote cette année, selon les minutes, soulève quelques doutes sur les anticipations de Wall Street, qui voit une hausse des taux à l'occasion de la réunion des 13 et 14 juin.

Les banquiers centraux soulignent cependant que leur hypothèse de base reste bien celle d'un retour à une croissance économique plus soutenue.

Wall Street a brièvement réduit ses maigres gains et le dollar a fléchi face à un panier de devises de référence après la publication des minutes, tandis que les rendements des Treasuries se sont retournés à la baisse.

"Elle (la Fed) laisse juin comme une possibilité; je pense qu'elle agira en juin et qu'il y aura ensuite une quatrième hausse", a dit Matt Toms (Voya Investment Management).

Pour autant, le compte rendu témoigne à son tour d'un regain de prudence de l'institut d'émission pour ce qui est de poursuivre dans l'immédiat un cycle de durcissement monétaire amorcé en décembre 2015.

"Les membres (du Fomc) ont globalement jugé qu'il serait prudent d'attendre de nouveaux éléments attestant que le récent ralentissement du rythme de l'activité économique n'était que momentané avant de prendre de nouvelles mesures de dénouement du biais accommodant", lit-on dans le document.

La croissance des Etats-Unis a nettement ralenti au premier trimestre et les 16 membres du Fomc dans leur ensemble ont débattu de long en large des raisons de ce phénomène et se sont demandé pourquoi leur mesure privilégiée de l'inflation donnait un taux qui avait encore rétrogradé par rapport à leur objectif de 2%.

Bon nombre d'entre eux ont salué cependant le récent raffermissement du marché immobilier et de l'investissement des entreprises en actifs immobilisés et ils ont généralement convenu que le ralentissement des dépenses de consommation observé en début d'année serait sans doute temporaire.

Pour ce qui est de dégonfler le bilan de l'institut d'émission, le Fomc a estimé qu'il pourrait mettre un terme aux réinvestissements des titres rachetés arrivant à échéance et, pour ce faire, il instaurerait un plafond, bas au départ, pour les réinvestissements, lequel serait relevé tous les trois mois.

"La quasi-totalité des banquiers centraux ont exprimé une opinion favorable vis-à-vis de cette démarche", lit-on encore dans les minutes.

Le bilan de la Fed dépasse les 4.000 milliards de dollars, alimenté pour l'essentiel par des rachats d'emprunts du Trésor et par des titres adossés à des crédits immobiliers opérés dans le sillage de la crise financière de 2007-2009.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Jason Lange et Howard Schneider