Popular, dont l'action gagnait près de 9% vendredi à la Bourse de Madrid sur fond de spéculations sur son avenir, doit trouver rapidement un partenaire auquel s'adosser car le ministre de l'Economie, Luis de Guindos, a définitivement fermé la porte jeudi à un renflouement sur fonds publics, tandis que les actionnaires actuels de la banque renâclent à participer à une augmentation de capital.

Santander, qui s'est refusé à tout commentaire sur le dossier, s'intéresse notamment aux positions solides de Popular sur le marché du crédit aux petites et moyennes entreprises, a expliqué une source proche de Santander, ajoutant que le groupe devrait sans doute lever des liquidités pour financer une offre éventuelle.

"J'observe que Santander est réellement motivé", a dit cette source.

Popular, plombé par 37 milliards d'euros d'actifs à risque, a demandé des offres fermes d'ici au 10 juin et souhaite boucler un accord avant la fin juin, ont expliqué les sources.

La banque, qui a perdu 3,6 milliards d'euros en 2016 et a remanié sa direction à trois reprises en moins d'un an, a vu sa capitalisation boursière fondre de 65% sur l'année écoulée pour tomber à moins de 2,8 milliards d'euros au cours de clôture de jeudi.

Santander, Bankia et BBVA ont tous manifesté leur intérêt lors d'une première série de discussions la semaine dernière.

BANKIA POURRAIT FACILEMENT FINANCER L'OPÉRATION

BBVA, qui a refusé de s'exprimer sur le sujet, n'exclut pas de soumettre une offre mais des sources proches du groupe ont expliqué qu'elle considérait un rachat éventuel comme très risqué. Elle avait approché Popular fin 2016 avec une offre indicative à 1,20 euro par action mais n'a jamais soumis d'offre ferme.

Santander, qui a mandaté Citigroup sur le dossier en début d'année, devrait lever au moins six milliards d'euros via une augmentation de capital pour mener à bien un rachat de Popular, a précisé la source proche de la banque, un montant qui correspond aux estimations des analystes financiers.

Les besoins de capitaux frais de Popular ne seront pas connus avec précision avant que soit menée à bien une procédure de "due diligence" incluant un examen approfondi des comptes, ont ajouté les sources.

Bankia, qui a également refusé de commenter le dossier, est elle aussi considérée comme un candidat potentiel solide, ont poursuivi les sources, expliquant que la banque disposait non seulement de liquidités mais aussi de fonds propres excédentaires depuis son renflouement par l'Etat à hauteur de 22 milliards d'euros en 2012 et son redressement ces dernières années.

La banque pourrait rapidement trouver environ quatre milliards d'euros pour financer une offre sur Popular en numéraire et en actions, qui ouvrirait la voie à un transfert de tout ou partie des actifs immobiliers à risque de Popular dans la Sareb, la structure de défaisance ("bad bank") du secteur bancaire espagnol.

Un tel schéma susciterait sans doute des réticences à Madrid et à Bruxelles mais Bankia répond à l'une des conditions posées au recours à la Sareb, à savoir le fait d'avoir bénéficié d'une aide publique, ce qui n'est pas le cas des autres repreneurs potentiels.

"Au final, c'est De Guindos qui décidera et il est clair qu'il souhaite que Bankia, et peut-être la Sareb, fassent partie de la solution", a dit une source proche du dossier.

Le ministère de l'Economie s'est refusé à tout commentaire.

(avec Carlos Ruano,; Marc Angrand pour le service français)

par Andrés González et Jesús Aguado