PARIS (awp/afp) - Toujours soumises aux aléas de la politique américaine, les Bourses européennes devraient poursuivre leur phase d'observation estivale la semaine prochaine, faute d'indicateurs probants, avant de se tourner vers les banques centrales à la rentrée.

"Le marché attend d'en savoir plus sur la sauce à laquelle il va être mangé à la rentrée. Comme on ne lui donne plus vraiment d'orientation précise au niveau des banquiers centraux, la semaine à venir va être une semaine d'observation", estime Marc Riez, directeur général de VEGA IM.

L'agenda macroéconomique s'annonce en effet peu garni en dehors de la traditionnelle réunion des banquiers centraux à Jackson Hole, aux Etats-Unis, vendredi prochain.

Outre-Rhin, les investisseurs prendront toutefois connaissance des indices ZEW et Ifo tandis que la deuxième estimation de la croissance au Royaume-Uni pour le deuxième trimestre est attendue jeudi.

Aussi la politique pourrait-elle à nouveau prendre le dessus, dans un contexte de faibles volumes d'échanges, alors que les derniers déboires du président américain ainsi que les deux attentats terroristes ayant frappé l'Espagne jeudi ont donné du grain à moudre aux investisseurs.

Certes, "nous avons eu un début de semaine marqué par cette détente des tensions avec la Corée du Nord, ce qui a permis de sortir un peu de cette dynamique négative des craintes géopolitiques", rappelle M. Riez.

L'apaisement de la rhétorique entre Pyongyang et Washington a été perçu par le marché comme un signe de désescalade propice à des achats à bon compte.

Le rebond des marchés d'actions européens a également été alimenté par des indicateurs favorables, en particulier aux Etats-Unis, où les ventes au détail ont progressé plus qu'attendu au mois de juillet, tandis que l'indice composite du Conference Board, qui donne une idée de la conjoncture, a également augmenté.

La zone euro n'a pas été en reste puisque la croissance économique s'y est établie à 0,6% au deuxième trimestre, en légère accélération par rapport au premier trimestre.

L'attaque terroriste ayant frappé l'Espagne a toutefois ravivé la recherche de sécurité, déjà de mise en raison des remous politiques de Donald Trump, et entraîné un recul des valeurs du transport et du tourisme.

Mais pour M. Riez, cette actualité ne devrait pas "jouer sur les marchés de façon durable".

- La Fed hésite, Draghi patiente -

Selon lui, le sujet dominant dans l'esprit des investisseurs reste l'inflation en zone euro, qui a de nouveau stagné en juillet, à 1,3%.

Cette faiblesse persistante entrave le souhait de normalisation monétaire de la BCE, d'autant que, "depuis avril, l'euro a quand même pris 5%", a précisé l'analyste.

"Si la BCE fait cavalier seul dans sa politique de normalisation monétaire, cela peut encore alimenter cette hausse de l'euro". Aussi, son but actuel est-il "de ne pas se prononcer plus vite et plus fort que la Réserve fédérale américaine", assure-t-il.

Le compte rendu de sa dernière réunion de politique monétaire, publié jeudi, montre que l'institution de Francfort s'est inquiétée d'une appréciation forte de l'euro mais qu'elle ne prévoit pas de débat sur un possible retrait des achats d'actifs sur le marché avant l'automne.

De source proche de l'eurosystème, Mario Draghi devrait en outre rester muet sur le futur de la politique monétaire de l'institution lors du symposium de Jackson Hole.

Une prudence dictée en partie par la banque centrale américaine dont les minutes publiées mercredi révèlent des divergences entre ses membres sur l'opportunité de procéder à un nouveau relèvement de taux d'ici la fin de l'année.

D'autant que les derniers déboires de Donald Trump, qui a perdu cette semaine de nombreux soutiens dans le milieu économique, n'étaient pas pour rassurer les marchés quant à la mise en oeuvre des réformes promises.

"Le marché parisien va stagner dans cette zone comprise entre 5.050 et 5.250 points" tant que les doutes budgétaires et monétaires américains ne seront pas dissipés, a conclu M. Riez.

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