Le retour des obligations d'Etat américaines à 10 ans sur des niveaux de rendement proches de 3% alimente la chronique printanière. Le mouvement haussier a démarré fin 2017, avant d'accélérer à partir de février. Le mécanisme sous-jacent des obligations n'est pas forcément évident à intégrer, mais il est capital pour comprendre pourquoi les investisseurs sont à l'affût des évolutions de ce marché. Voici quelques éléments d'explication. 

Pourquoi ça baisse... quand ça monte ?

Les rendements obligataires correspondent aux taux d’intérêt rapportés par les obligations, selon leur valeur sur le marché obligataire. C'est le niveau de rémunération du créancier qui accepte de prêter de l'argent à une entreprise. Les rendements suivent la logique inverse du prix des obligations.

Si le prix baisse, le revenu fixe que rapporte l’obligation, aussi appelé coupon obligataire, est proportionnellement plus important, donc le rendement augmente en pourcentage, et vice-versa.

Vous achetez une obligation 1000 EUR au moment de son émission, avec un taux d’intérêt nominal de 10% et une échéance de 10 ans :
- Si le prix tombe à 800 EUR (négociation au-dessous du pair) ; le rendement sera de 100/800*100 = 12,5 %
- Si le prix monte à 1200 EUR (négociation au-dessus du pair) ; le rendement sera de 100/1200*100 = 8.33 %

Si les rendements obligataires augmentent fortement, cela favorise les nouveaux investisseurs : ils bénéficient d’un rendement plus élevé que leurs prédécesseurs et auront de plus faibles chances de connaître une moins-value, puisque les cours des obligations ont baissé.

L’inflation est l’un des principaux facteurs déterminants de l’évolution des rendements obligataires. En effet, une hausse des prix généralisée fait baisser la valeur du coupon obligataire, surtout à long terme, puisque le pouvoir d’achat de l’argent investi diminue. Cette baisse du coupon obligataire fait baisser le cours de l’obligation et fait inversement augmenter les rendements obligataires. Ainsi, plus l’inflation augmente, plus les rendements des obligations sont élevés. 

Remontée des taux américains

Depuis février dernier, on assiste à une hausse constante des rendements des obligations à 10 ans aux Etats-Unis, frôlant ainsi les 3 %, seuil inégalé depuis janvier 2014. Le taux a d’ailleurs atteint lundi 2,998 %, avant de revenir à 2.9752 %.


Cette tendance haussière sur les obligations souveraines à échéance longue peut notamment s’expliquer par l’envolée des cours du pétrole la semaine dernière, avec le prix du baril de Brent approchant des 74 USD. Cette augmentation, bien qu’atténuée par l’intervention de Trump vendredi dernier, fait craindre une inflation plus élevée, et donc des rendements obligataires plus importants.

Mécaniquement, la baisse des prix des obligations est due à une vente massive des titres obligataires, au profit d’allocations d’actions. Une hausse généralisée des taux, si elle est maîtrisée, n’induit pas forcément un stress sur le marché des actions, mais cela peut aussi aller de pair.

Et en Europe ?

Même schéma en Europe, où le rendement du Bund allemand à 10 ans a grimpé de plus de trois points de base lundi à 0,634 %, soit son plus haut point depuis six semaines. A l’aube de la réunion de la BCE jeudi, qui déclarera très probablement un statu quo de la politique monétaire, les données macroéconomiques ne devraient pas influencer les rendements obligataires européens.